Michel Legault a failli s’appeler Michelin. Originaire d’une famille d’agriculteurs, dernier d’une série de sept (!) enfants, cet homme élevé non loin de Valleyfield a connu une enfance mêlant travail sur la ferme et désir d’émancipation. Et dans l’émouvante pièce qu’il présente sur les planches de la salle Fred-Barry du Théâtre Denise-Pelletier, il revient sur son parcours parfois rocambolesque, parfois rigolo, mais toujours prenant.
Michelin, donc, du nom de cet alter ego qui ne fut jamais, ce personnage qui en est venu à représenter tout ce que Michel-Maxime Legault n’est pas – l’ajout du deuxième prénom, va-t-on d’ailleurs nous stipuler de façon surprenante, découle d’une obligation de l’Union des artistes pour éviter les doublons. Après un « roman monologue » ayant déjà des allures de texte théâtral qui portait le même nom, voilà donc l’oeuvre interprétée « en vrai ».
Et le résultat, mélange de moments à saveur humoristique et de témoignages francs à propos de ce télescopage entre vie rurale (et les valeurs qui y sont associées), et émancipation personnelle et artistique, rappelle que non, nous ne venons pas tous de familles de la classe moyenne, ou encore moins de familles aisées, et que la vie existe bel et bien en dehors des grands centres.
Ce que M. Legault nous rappelle, également, c’est l’importance de la famille et des proches. S’il existe bel et bien des exemples d’environnements familiaux terribles, il est clair que chaque père, chaque mère, tente généralement d’élever son ou ses enfants du mieux qu’ils le peuvent. Et malgré les inévitables imperfections, l’amour filial demeure une partie intégrante de la vie des individus.
Amusante, touchante, émouvante, la pièce Michelin est un récit tout aussi direct que complexe sur l’importance de tracer son propre chemin… et de prendre soin de soi et des autres. À voir.
Michelin, écrit et interprété par Michel-Maxime Legault, mise en scène de Marie-Thérèse Fortin, à la salle Fred-Barry du Théâtre Denise-Pelletier jusqu’au 21 septembre