Pas question de publier des messages, sur les médias sociaux, à propos de la guerre entre Israël et le Hamas, affirment une majorité d’adultes vivant dans l’État hébreu. Une récente enquête du Pew Research Center indique même qu’au moins la moitié de la population adulte du pays appelle carrément à la censure à ce sujet sur les plateformes numériques.
Le coup de sonde révèle ainsi que si les trois quarts des Israéliens utilisent les réseaux sociaux, moins du quart (22%) d’entre eux s’en servent pour publier des messages à caractère politique ou social, en baisse par rapport à 36%, en 2022.
À l’opposé, la moitié (51%) indiquent qu’ils n’ont jamais recours aux plateformes numériques pour faire connaître leur opinion sur ces sujets.
Et lorsqu’il est question de la guerre entre Israël et le Hamas, la proportion d’Israéliens qui s’expriment sur cette question, sur Twitter, Facebook et consorts, est encore plus faible: seulement 18% des répondants disent publier régulièrement à ce sujet.
D’ailleurs, plusieurs organismes de défense des droits de la personne, en Israël, ont dénoncé des cas de censure en lien avec ce conflit à Gaza et en Cisjordanie; des dizaines d’Israéliens arabes (ils sont plusieurs millions, dans le pays) auraient été arrêtés en lien avec des publications sur les réseaux sociaux. Plusieurs d’entre eux auraient subi des mesures de rétorsion au travail ou à l’école.
Mais la censure est encore plus forte lorsque l’on demande aux Israéliens ce qui devrait avoir une place sur les plateformes numériques, en lien avec la reprise des combats, depuis le 7 octobre dernier, et la campagne de bombardements massifs à Gaza, qui a fait des dizaines de milliers de morts civiles parmi la population palestinienne, dont des milliers d’enfants.
Ainsi, 92% des répondants affirment que les messages appelant à la violence, dans le contexte de cette guerre, ne devraient pas pouvoir être publiés sur les réseaux sociaux – l’enquête du Pew Research Center ne précise cependant pas s’il s’agit d’appels à la violence contre les Israéliens ou les Palestiniens.
Un total de 87% des participants souhaitent aussi que l’on censure les messages d’appui au groupe Hamas, qui est aux commandes de la bande de Gaza depuis plusieurs années.
Pire encore, près des trois quarts des répondants (72%) réclament le retrait des vidéos ou des images montrant la violence de cette guerre, alors que presque deux Israéliens sur trois (59%) affirment que même faire preuve de sensibilité et de sympathie pour les civils palestiniens à Gaza, tués par dizaines de milliers depuis le début des bombardements israéliens, devrait être censuré.
Pas question, non plus, de critiquer publiquement le gouvernement Nétanyahou pour ses actions dans le cadre de ces affrontements; du moins, pas pour la moitié des personnes sondées. Cependant, il s’agit de la question sur laquelle les participants sont les plus divisés: 41% des répondants jugent que ces critiques devraient pouvoir être publiées sur les plateformes numériques.
Et chez les partisans du gouvernement, justement, cette tendance à la censure est encore plus forte: 69% de ces pro-Nétanyahou jugent qu’il devrait être interdit de critiquer ce dernier sur le web.