L’équipe de 12 chercheurs allemands et britanniques à qui on doit cette conclusion a passé en revue pas moins de 1500 politiques climatiques entrées en vigueur entre 1998 et 2022, sur les six continents. Le constat qui s’en dégage est que les gouvernements devraient mieux identifier ce qui fonctionne vraiment et surtout, se doter de cibles plus ambitieuses.
Pour en arriver à cette conclusion, la première étape n’était toutefois pas d’analyser ligne par ligne ces 1500 politiques : les chercheurs ont décidé de commencer par identifier les moments où, dans l’histoire récente de ces 41 pays, les émissions de gaz à effet de serre ont diminué de façon « significative » —et écarter de la liste les imprévus indépendants de la volonté de ces pays, comme la pandémie. Leur étude est parue le 22 août dans la revue Science.
Ils ont identifié 69 de ces « moments » et ont cherché si on pouvait les associer à une ou des politiques entrées en vigueur dans les deux années précédentes. Bien qu’une telle association soit difficile à prouver —une corrélation ne prouve pas une relation de cause à effet— ils ont constaté que dans la majorité des cas, cette association était en fait très improbable, parce que les politiques avaient des cibles trop restreintes.
Par exemple, un gouvernement peut subventionner l’achat de véhicules électriques, mais si, deux ans plus tard, la majorité des véhicules sont encore à essence, l’impact a été mineur. Les lois qui ont eu le plus d’impact impliquaient carrément un interdit —par exemple, l’arrêt de l’utilisation du charbon pour produire de l’électricité.
Un bémol à leur étude, conviennent toutefois les auteurs, est qu’en se concentrant sur les deux années suivant une politique, ils négligent le fait que de telles politiques auront peut-être un impact dans la prochaine décennie, voire sur 20 ans. Mais encore faut-il que la politique demeure en vigueur tout ce temps, ou que l’évolution technologique ne la rende pas obsolète — par exemple, l’éventuel arrêt de production, par les compagnies automobiles, de véhicules à essence.
Ce qui fonctionne le mieux (70% des « moments » identifiés), c’est une combinaison de deux politiques, ou plus. Par exemple, un mélange d’incitatifs pour réduire les émissions —comme des incitatifs à l’achat— et de règles dissuasives —comme les taxes au carbone ou le plafonnement des émissions de carbone (cap and trade)
Il ne faut pas non plus sous-estimer le fait, écrivent en terminant les chercheurs, que des lois ou règlements n’apparaissent jamais dans le vide: l’opinion publique peut ne pas les accepter pour des raisons purement partisanes. Par exemple, un gouvernement impopulaire ou un parti d’opposition qui, comme aux États-Unis, nie la réalité des changements climatiques.