Comment Jean-Pierre Jeunet a-t-il pu se retrouver dans une telle galère? Comment le (co)réalisateur de Delicatessen et de La Cité des enfants perdus, celui qui a offert Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain et Un long dimanche de fiançailles, a-t-il pu se planter à ce point dans Alien: Resurrection?
La réponse est peut-être du côté du scénariste, Joss Whedon, dont le parcours franchement inégal, autant comme réalisateur que comme responsable du script, pourrait expliquer ce film absolument incapable de se brancher entre l’horreur et l’humour, ce qui donne, en fin de compte, une oeuvre catastrophiquement mauvaise.
Oh, il y a bien quelques moments intéressants, ici et là, dans cette histoire de scientifiques qui veulent (encore!) tenter de domestiquer les xénomorphes, et dont les expériences vont évidemment mal tourner. Et dans cette idée de récupérer des traces génétiques de Ripley, qui s’est pourtant suicidée à la fin du troisième film, pour en créer une série de clones à l’intérieur desquels on tentera d’implanter une reine extraterrestre, histoire de produire une nouvelle génération de bestioles.
On aimera aussi revoir la dégaine de Ron Pearlman, ou même Winona Ryder. Sans oublier Dominique Pinon, qui était d’ailleurs là dans Delicatessen, et qui sera aussi là dans Amélie Poulain, entre autres.
Et Sigourney Weaver ne semble plus prendre d’ordre de personne, en tant que huitième tentative de clone dont le propre sang est lui aussi acide, à l’instar des xénomorphes.
Du reste, outre un certain style visuel propre à Jeunet qui n’est pas trop mal, Alien: Resurrection tente de donner dans l’humour avec des personnages et des scènes absurdes, comme ce général caricatural qui affiche une pilosité corporelle particulièrement développée, ou encore ce scientifique trop fou pour son propre bien qui est joué par Brad Dourif, que l’on verra, quelques années plus tard, comme interprète de Grima, dans Le Seigneur des Anneaux.
On grincera aussi des dents devant cet étrange mélange de véritables costumes, pour les xénomorphes, et ces images de synthèse de très piètre qualité – nous sommes en 1997, après tout.
Et cette révélation finale, celle d’un hybride humain-alien avec lequel Sigourney Weaver aurait des échanges presque maternels, passe près de nous faire éclater de rire. Comment prendre au sérieux cette créature aux allures de gros chien aux yeux larmoyants?
La saga Alien aurait dû se terminer avec Aliens, de James Cameron. Et David Fincher aurait dû utiliser un autre monstre pour son Alien 3; cela lui aurait d’ailleurs sans doute permis de mieux s’en tirer. Pour Jeunet, ici, Resurrection est une erreur de parcours hallucinante, un film sans substance et au scénario risible. Même pour occuper son temps, il existe certainement de meilleures options.