Que fait-on, lorsque l’on veut raconter une histoire d’un homme qui a décidé de devenir un justicier après le meurtre de ses parents, mais que cela fait presque un siècle que ce personnage existe dans l’imaginaire collectif? On change quelques petites choses… tout en s’appuyant sur ses forces immuables. Bienvenue dans Batman: Caped Crusader.
Voilà près d’un siècle, en effet, que Bruce Wayne et son alter ego masqué ont fait leur apparition sous forme de bandes dessinées. S’ensuivirent des dizaines de films et de nombreuses séries télé d’animation (sans compter les jeux vidéo), une tendance qui se poursuit encore aujourd’hui. Et forcément, ce concept d’homme torturé par le remords et brûlant de haine contre les criminels à Gotham montre parfois ses limites.
Cela n’a pas empêché Bruce Timm et son équipe de proposer une nouvelle version du début des aventures de Batman, avec quelques variations sur un même thème. Bruce Timm qui, d’ailleurs, est certainement bien connu des amateurs des aventures du « meilleur détective du monde ».
C’est effectivement à lui que l’on doit la fantastique Batman: The Animated Series, Batman Beyond et autres propositions du genre, sans compter les films d’animation produits pour DC Comics, que ce soit uniquement pour Batman ou dans le contexte de la Justice League.
Cette influence est d’ailleurs particulièrement présente dans Caped Crusader: on a évacué une partie de l’aspect pseudo-moderne de The Animated Adventures, comme les ordinateurs, ou encore certaines machines sophistiquées, et on s’est débarrassé d’une partie de l’architecture parfois excessivement gothique d’autrefois, mais le style d’animation, ainsi que l’apparence des bâtiments, des véhicules et des personnages ne dépayseront pas les habitués.
Ce qui a semblé choquer certains puristes, par contre, ce sont certains choix artistiques qui n’ont pourtant pas d’incidence sur la suite des choses. Ainsi, le Pingouin est désormais une femme, la famille Gordon est noire, et Alfred Pennyworth est giron, contrairement à sa représentation dans les années 1990, ou encore dans les films de Nolan.
Mais ce sont justement ces petits changements, ou par exemple la façon d’amener le personnage de Harley Quinn, qui font la différence. Plutôt que de nous resservir exactement la même chose, mais sans trop s’éloigner de ce que les gens attendent d’un produit culturel Batman, les créateurs de Caped Crusader jouent sur les petites différences.
Et pour l’instant, ça fonctionne: les 10 épisodes de la première saison sont intéressants à regarder, et on n’hésite pas à tuer des personnages qui auraient pu régulièrement jouer les antagonistes, comme cela pouvait être le cas avec The Animated Series, par exemple. On a sans doute voulu casser le cycle des arrestations, puis de l’envoi à l’asile d’Arkham, et enfin de l’évasion subséquente.
On sourcillera peut-être, cependant, devant le manque de véritable arc narratif sous-tendant cette saison. Après tout, avec 10 épisodes plutôt que 22, comme à l’époque, il aurait certainement été possible de mieux structurer l’ensemble de la chose. Peut-être en évitant le détour vers le surnaturel? Mais n’avions-nous pas de rayons capables de geler tout et n’importe quoi, dans The Animated Series, ou encore dans Beyond? Ou encore la question de l’immortalité potentielle de certains personnages?
Batman: Caped Crusader est un divertissement solide qui réussit à offrir un certain vent de fraîcheur, tout en s’astreignant à respecter les conventions. Rien de spécifiquement révolutionnaire, mais une proposition solide, malgré tout. À voir.