Combattre le racisme, l’intolérance et la discrimination par les cheveux: l’idée peut sembler farfelue, mais c’est pourtant la voie qu’emprunte Maryline Chery dan Afrodisiaque, une pièce de théâtre dont le texte vient d’être publié chez Hurlantes éditrices.
L’idée d’associer la chevelure des personnes noires à leur identité n’est pas nouvelle; en fait, la chevelure des Noirs est partie intégrante de cette identité depuis toujours. Et la façon dont ces cheveux sont traités ou présentés vient jouer sur la perception de l’autre.
C’est d’ailleurs le cas pour Mady, une jeune adolescente noire vivant à Laval qui tente de définir son identité propre en navigant entre une mère oppressante ayant interiorisé une bonne partie du racisme ordinaire de la société occidentale face à tout ce qui sort de l’ordinaire – cheveux compris –, des camarades de classe qui affichent clairement leur mépris, ou encore des personnes qui voudraient bien faire, mais qui ne font qu’empirer les choses.
Poignant, le spectacle de Mme Chery s’articule autour de ce qui est malheureusement un seul de plusieurs aspects physiques, chez « l’autre », qui mènent trop souvent aux préjugés, aux jugements hâtifs, à la peur, ou encore à la haine.
Avec un côté physique très clair, cette pièce explore des rapports sociétaux qui, au mieux, feront soupirer de gêne, quand ils ne donneront pas carrément envie de hurler.
Ce que l’on pourrait toutefois déplorer, cependant, c’est qu’en étant seule sur scène (enfin, presque seule), Mady est appelée à jouer plusieurs personnages qui lui sont tous plus ou moins étroitement liés. La chose peut certainement être réussie sur scène, mais à la lecture, on finit parfois par s’y perdre, d’autant plus que les indications scéniques comptent pour beaucoup dans ce texte. Et par extension dans la pièce elle-même.
Malgré cette complexité imputable au format papier, Afrodisiaque et son autrice, Maryline Chery, mettent certainement le doigt sur quelque chose de fondamental: le besoin d’accepter l’autre, certes, mais surtout de ne pas le considérer comme un étranger, ou pire, comme un animal de foire. Mais simplement comme un humain, y compris avec ses différences.