Voilà des siècles que les astronomes ont découvert l’existence de la galaxie d’Andromède; voilà à peu près un siècle, aussi, que la communauté scientifique a constaté que cet objet céleste se rapprochait de nous. En d’autres mots, les deux galaxies, Andromède et la nôtre, la Voie lactée, se percuteront de façon spectaculaire. Mais est-ce bien vrai?
Une nouvelle étude réalisée par des chercheurs de l’Université d’Helsinki remettent effectivement cette notion en doute, en se penchant sur plusieurs facteurs d’importance, comme l’influence gravitationnelle d’autres galaxies, et ont constaté que les chances de ce télescopage galactique n’étaient que de 50%, au cours des 10 milliards d’années à venir.
Les astronomes sont-ils dans l’erreur depuis longtemps? Pour en avoir le coeur net, les scientifiques de Helsinki se sont attaqués à un problème dit des « quatre corps ». Et avec ce problème vient une grande dose d’incertitude, ce qui expliquerait pourquoi il y a encore une chance sur deux pour que cet accident intersidéral se produise.
Le problème des « quatre corps », appelé officiellement problème à N corps, est « un problème de mécanique céleste consistant à déterminer les trajectoires d’un ensemble de N corps s’attirant mutuellement », peut-on lire sur la page Wikipédia consacrée à cette question.
Ce qu’il faut surtout comprendre, c’est qu’il s’agit d’un problème particulièrement complexe nécessitant des calculs longs et fastidieux, en plus d’une connaissance poussée des facteurs entrant en ligne de compte.
Au dire des auteurs de la nouvelle étude, envisager les galaxies d’Andromède et de la Voie lactée de façon séparée ne tient pas compte des autres galaxies présentes dans ce que nous appelons le « groupe local », qui regroupe environ 100 galaxies de petites tailles possédant chacune son orientation, sa distance par rapport aux autres et sa vitesse propres.
La plus vaste de ces autres galaxies est la galaxie du Triangle, située à 2,7 millions d’années-lumière de la nôtre, et contient environ 40 milliards d’étoiles. Il s’agit d’environ 40% des quelque 100 milliards d’astres que contiendrait la Voie lactée, mais à peione 4% des 1000 milliards d’étoiles qui se trouveraient dans Andromède. Malgré tout, ce « petit » nombre d’étoiles possède sa propre attraction gravitationnelle, ce qui vient compliquer la dynamique « plus simple » entre Andromède et la Voie lactée.
Toujours au dire des chercheurs, il faut aussi tenir compte du Grand Nuage de Magellan, qui est la deuxième ou la troisième galaxie la plus près de la nôtre, à seulement 163 000 années-lumière. Et avec ses 20 milliards d’étoiles, elle a, elle aussi, une influence sur la gravité dans notre voisinage galactique.
Les auteurs de l’étude disent avoir tenu compte de l’effet gravitationnel de ces deux autres galaxies, dans le cadre de leurs calculs des trajectoires de la Voie lactée et d’Andromède au cours des prochains milliards d’années.
Selon eux, la danse complexe de ces géants spatiaux pourrait mener à un scénario où les deux galaxies ne fusionnent pas. Cependant, il faut aussi tenir compte d’un autre facteur: l’incertitude.
Pour éviter cet écueil, les chercheurs se tournent vers des estimations, plutôt que vers des nombres purs et durs. Dans ce cas-ci, les auteurs de l’étude jugent donc qu’il y a 50% de probabilités que les deux galaxies s’écrasent l’une contre l’autre et fusionnent.
Les chercheurs lancent toutefois une mise en garde: plusieurs facteurs contribuent à cette vaste incertitude, y compris l’influence des autres galaxies présentes dans le groupe local.