Soyons sérieux, un instant: la franchise Alien avait fait le tour de son sujet principal après le deuxième film, sorti en 1986. Deux chefs-d’oeuvre, deux films parfaits occupant chacun leur niche. Cela n’empêche pas bien des gens – y compris Ridley Scott, hélas – de vouloir relancer cet univers cinématographique. Plus récent candidat en date? Alien: Romulus, du réalisateur Fede Alvarez.
Avec quatre longs-métrages à son actif, y compris un genre de reprise d’Evil Dead sorti en 2013, Alvarez ne cache pas son intérêt pour l’horreur, certes, mais surtout pour l’iconique franchise de science-fiction mettant en vedette notre xénomorphe favori.
De fait, Alien: Romulus tient surtout de l’hommage bien senti aux oeuvres de Scott et de Cameron, mais aussi, par la bande, à Alien: Resurrection, le film réalisé par Jean-Pierre Jeunet en 1997. Mais autrement, pas le moindre soupçon d’originalité dans cette oeuvre d’une durée de deux heures.
Sur une colonie minière exploitée par la fourbe et cruelle corporation Weyland-Yutani, une jeune femme rêvant de quitter cet enfer constamment plongé dans les ténèbres fait équipe avec un groupe d’amis pour aller piller une station spatiale en orbite de leur planète, histoire de trouver les sarcophages de cryogénisation nécessaires à un long voyage vers une autre planète, où ils pourront recommencer leur vie.
Mais sans surprise, on constate plutôt que les gens de Wayland-Yutani, pourtant de joyeux drilles à l’éthique de travail irréprochable et à l’empathie incomparable, ont procédé à des expériences impliquant nos amis les xénomorphes.
On voit venir le reste: nos personnages seront poursuivis par le cultissime monstre, le tout dans des corridors sinistres largement plongés dans le noir.
Sur le plan technique, Alien: Romulus est un succès. Les décors, qui semblent avoir été copiés des plateaux d’Alien et Aliens, évoquent parfaitement ce côté rétro-futuriste de la franchise, avec de vieux ordinateurs, des signaux vidéo imprécis, des machines qui cliquètent bruyamment, sans oublier ces lieux qui semblent vraiment avoir été utilisés et habités pendant des années. Le film impose sa présence physique. Y compris avec les engins spatiaux, dont on sent l’inertie, ou encore la décision d’étouffer au maximum les bruits dans l’espace, augmentant d’autant le sentiment de petitesse, d’isolement des protagonistes.
Sur le plan musical, aussi, l’oeuvre s’en tire bien. Tour à tour grandiose et oppressante, la musique sait accompagner, mais aussi exacerber quand il le faut.
On pourra certainement remettre en question l’équilibrage des voix, des bruitages et de l’accompagnement sonore; la situation est telle, à certains moments, qu’on parvient à peine à comprendre les dialogues de certains personnages. C’est d’autant plus flagrant que ceux-ci donnent dans l’accent prononcé, ou encore dans l’argot.
Le pire aspect d’Alien: Romulus, c’est qu’il s’agit d’une copie d’Alien, avec un peu d’Aliens saupoudré dans le mélange – y compris une phrase prononcée par Ripley, en 1986, dans un contexte alors autrement plus important. On a aussi quelques miettes de Resurrection. Mais on n’a pas d’originalité, pas d’audace, rien de transcendant, ou même d’intéressant. Pire, la fin est calquée sur celle du premier film. On est même allé (mal) ressusciter Ian Holm, sous forme d’une bien étrange numérisation de son visage, pour ramener son personnage d’androïde retors.
Pourquoi se casser la tête et payer plus cher si l’on peut voir Alien, l’original, pour quelques dollars en ligne? Idem pour Aliens. Et même pour Alien 3 et Resurrection, si le coeur nous en dit. Ces deux derniers films essayaient au moins de proposer quelque chose de différent.
S’il y a quelque chose de nouveau à proposer avec la série Alien – et par pitié, pas les pénibles antépisodes que sont Prometheus et Covenant –, personne n’a su mettre le doigt dessus en près de 40 ans. Et ce n’est certainement pas Alien: Romulus, avec son succès technique, certes, mais son absence complète d’originalité, qui représentera l’exception à cette règle…