Oyez, oyez: la plus récente offrande musicale du groupe australien King Gizzard and the Lizard Wizard s’est invitée dans nos oreilles. Après tout, comment envisagez de survivre sans notre (ou nos) album(s) annuel(s) de la formation? Cette fois, avec Flight b741, direction le dad rock, avec une proposition qui plaira certainement aux fidèles auditeurs de CHOM.
Pas d’album au concept tarabiscoté, cette fois; après le « programme double » de Petrodragonic Apocalypse et de The Silver Cord, un étrange combo métal et électro s’articulant autour de la magie noire pour tenter d’empêcher la fin du monde et de la nécessité d’éradiquer un panthéon complet afin d’assurer la survie de l’humanité – rien de moins! –, on nous propose ce qui est décrit comme « un disque sympathique, un album amusant ».
Et amusant est probablement le bon terme, ici: pas de pièces dont la durée dépasse les cinq minutes (sauf la dernière, Daily Blues), des thématiques simples… Il n’y a rien de mal à ne pas se casser la tête, après tout. Et ne peut-on pas prendre une pause du Gizzverse pendant quelques instants? Pas besoin de chercher d’obscures références, de chercher les microtons ou de compter les mesures lorsque l’envie nous prend de sortir le vieux bolide du garage de notre maison semi-détachée, dans l’ouest de Montréal, et de rouler à tombeau ouvert sur l’autoroute 40.
D’ailleurs, puisqu’il s’agit de King Gizzard, impossible, pour nos sympathiques Australiens, de se contenter de pondre un album quelconque et de faire sonner le tiroir-caisse. Comme à l’habitude, les voilà qui offrent une musicalité mesurée et peaufinée, parfois jusqu’à l’excès. Les guitares résonnent bien, la batterie donne envie de hocher la tête et de se taper sur la cuisse… Un peu plus, et on se lèverait pour se trémousser en cadence, avant de boire une bière bien fraîche dans une lumière chaude d’après-midi.
Les amateurs de rock d’ici constateront d’ailleurs qu’il existe plusieurs accointances entre cette déclinaison de King Gizzard et des artistes férocement canadian, comme The Sheepdogs ou encore Sam Roberts. Un rock sympathique, confortable, qui s’écoute bien à plusieurs reprises.
Qui d’autre que KGLW pour « prendre une pause » en enregistrant un album tout à fait solide? Le défaut de Flight b741 sera peut-être, justement, de ne pas proposer de pièces véritablement différentes – du moins, pas assez pour vraiment se démarquer –, mais bien franchement, nul besoin de constamment réinventer la roue. Parfois, une bonne dose de dad rock est tout ce qu’il nous faut. Dont acte.