Après une première saison très solide, il y a bientôt deux ans, voilà que les gens de chez HBO viennent de clore la deuxième déclinaison de House of the Dragon, cette histoire de la guerre civile qui a déchiré Westeros, entre deux branches du clan Targaryen, dans l’univers de Game of Thrones. Malheureusement, pour une deuxième saison qui devait entraîner de la mort de la destruction, nous sommes davantage dans les choses civiles que dans les entreprises guerrières.
Et pourtant… et pourtant, la fin de la première saison, avec la tante de la reine autoproclamée Rhaenyra s’emparant de son dragon et fuyant King’s Landing, la capitale, manquant au passage de dévorer tout crus le nouveau roi Aegon et toute sa famille – quelle occasion ratée, tout de même –, semblait donner le ton.
Avec l’effondrement de la diplomatie et un fossé en apparence insondable entre Alicent et Rhaenyra, deux anciennes amies, on s’attendait effectivement à ce que les hostilités éclatent dans le sang, le feu et la fureur. Pourtant, les deux camps, apparemment chacun un peu sonné par le déclenchement soudain des hostilités, vont passer la grande majorité de la saison à attendre qu’il se passe quelque chose.
On comprend qu’il soit nécessaire d’amasser ses forces, de part et d’autre, mais on constatera assez vite, également, que les créateurs de la série ne semblent pas trop savoir quoi faire pour étirer la sauce. Après tout, les patrons de HBO entendent le tiroir-caisse résonner, et qui voudrait tuer une poule aux oeux d’or? Peu importe si, dans l’ouvrage de George R.R. Martin, cette « danse des dragons » ne dure pas si longtemps que cela, en plus d’être racontée sous la forme d’une narration historique incomplète, plutôt que d’être présentée comme un roman complet.
Bien entendu, tout n’est pas à jeter, dans cette deuxième saison, notamment ces moments où Daemon, joué par Matt Smith, erre dans les corridors en apparence hantés du sinistre château de Harrenhall, tourmenté par diverses visions. De là à imaginer une série d’horreur dans l’univers de Game of Thrones, il n’y a qu’un pas que l’on aimerait franchir. On appréciera aussi le jeu des deux reines, Emma D’Arcy et Olivia Cooke, qui s’étaient déjà distinguées dans la première saison, même si, encore une fois, elles passeront la plus grande partie de leur temps à circuler dans leur château respectif en tempêtant.
Faut-il blâmer l’ambition trop grande de HBO? Le coût exorbitant de l’animation des dragons? Car la seule véritable scène de bataille démesurée de cette saison, où des dragons se livrent enfin bataille, est tout aussi cataclysmique et horrible qu’on peut l’imaginer, avec des centaines de soldats en panique réduits en cendres ou en monceaux de chair calcinés. La comparaison des dragons avec des armes de destruction massive est tout à fait appropriée, tout comme l’idée que les dragons sont des dieux; face à une telle puissance, les hommes ne peuvent qu’observer et tenter de se protéger. Mais ce plaisir déjanté est de trop courte durée.
La deuxième saison de House of the Dragon est clairement une proposition intérimaire, une oeuvre intercalaire qui cantonne bon nombre de ses personnages à des rôles consistant à marcher et regarder le temps qui passe. Espérons que les choses s’améliorent la prochaine fois, parce que l’élastique que l’on étire pourrait bien nous éclater au visage avant d’avoir droit à une conclusion satisfaisante.