Au cours des derniers jours, l’Orchestre de la Francophonie et le chef Simon Rivard ont eu fort à faire. En effet, cet orchestre éphémère, dont la mission est de préparer à la vie professionnelle de jeunes musiciennes et musiciens de la Francophonie, a présenté au public montréalais rien de moins que l’intégrale des symphonies de Beethoven.
Nous avons assisté, dimanche dernier, à la Maison symphonique, à la dernière des cinq prestations dont le programme était le suivant :
Charles Roy Dubuc, Fragments
Ludwig van Beethoven, Symphonie no 8 en fa majeur, op. 93
Ludwig van Beethoven, Symphonie no 9 en ré mineur, op. 125 “Chorale”.
Comme entrée en matière, l’œuvre commandée à Roy Dubuc par l’OF, avait tout pour nous mettre l’eau à la bouche. Annoncée comme un œuvre qui explore les différents timbres de l’orchestre, en usant de différents styles et différentes influences, Fragments a bien atteint sa cible. Au-delà des influences identifiées d’Arvo Pärt, nous avons pu reconnaître la touche de John Williams (1er mouvement) ainsi que celle de certains compositeurs des films de Disney (3e mouvement). Mais c’est peut-être le 2e mouvement qui fut le plus intéressant, par sa finesse, par son originalité et par la grande maîtrise de Rivard et des interprètes. C’est si fin qu’on aurait pu imaginer une sauterelle respirant doucement dans une clairière ensoleillée. Ouf!
Changement de registre avec l’interprétation de la huitième de Beethoven. En effet, l’enthousiasme des musiciens était palpable et la magie de la main gauche du chef (pas celle qui tient la baguette, l’autre) était pleinement fonctionnelle. Les lignes mélodiques étaient bien distinctes en général, mais à quelques reprises, les violons ont semblé être enterrés par les trompettes et les percussions. Comme nous l’avait annoncé Simon Rivard, la 8e est une œuvre joyeuse et même comique par moment. Lors du deuxième mouvement, les hochements de tête rigolos du chef sont venus appuyer la drôlerie de la partition. C’est aussi dans ce mouvement de la huitième que la direction a semblé la plus précise, la plus chirurgicale. Compte tenu de ce que le public avait entendu jusque-là, il n’y a pas à douter qu’il se serait passé de l’entracte pour savourer tout de suite le clou du spectacle.
Par la suite, lors du premier mouvement de la 9e symphonie, les différentes lignes mélodiques étaient bien perceptibles alors que dans le deuxième, il aurait fallu ajouter quelques violons. Il faut noter, au passage, l’excellent travail des cors alors que les trompettes ont éprouvé quelques difficultés. Le début du troisième mouvement, quant à lui, relevait du sublime : on aurait dit que le chef flottait sur un nuage, poussé par la douce brise de l’orchestre. Et c’est particulièrement dans le quatrième mouvement que les violoncelles ont eu l’occasion de briller, occasion qu’ils ont pleinement saisie.
Pour couronner le tout, disons que les choristes ont fait un bon travail et que, même si les partitions des solistes sont très courtes, la basse Matt Mueller et la soprano Amelia Wawrzon ont réussi à se faire remarquer de très heureuse façon.
Il n’y a pas de doute, le chef Simon Rivard connaît bien son Beethoven et son engagement auprès des jeunes musiciennes et musiciens de l’OF est fort apprécié.