Une invitation au voyage; une porte d’entrée vers un monde onirique, mais où semblent également rôder certaines choses; une exploration mêlant piano et sonorités numériques… Le voyage d’Héliodore, collaboration musicale entre le pianiste Pur Pasteur et Xavier-Charles Fecteau, compositeur de musique de jeux vidéo de son état, détonne franchement.
Franchement est effectivement le mot juste, puisqu’avec ce mélange des genres, on cherche un peu à quel saint se vouer: oui, ce disque est un album entièrement instrumental. Mais est-ce un simple album? N’est pas plutôt la trame sonore d’un film d’animation versant parfois dans l’essai? Est-ce la musique d’accompagnement d’un jeu vidéo que l’on imagine combiner une esthétique simple et chatoyante à des paysages magnifiques?
L’attrait de la chose est sans doute lié à cette douceur, cette mélancolie qui transparaît à travers les différentes pièces, comme la magnifique Le sentier, ou encore la superbe Élisabeth. Sans oublier, peut-être à l’opposé, les passages plus artificiels, plus mécaniques, plus numériques du Labyrinthe, ou encore de l’intrigante TOI-700 D.
En filigrane, également, ces bruitages, y compris de la distorsion, du bruit blanc, ou encore de la statique. Comme si nous perdions progressivement un signal essentiel, un lien qui nous retient à la réalité. En fait, de là à imaginer se trouver dans un jeu d’aventure et de puzzles à la Myst, il n’y a qu’un pas que les amateurs de divertissements numériques, comme ce journaliste, s’empresseront de franchir.
Mais même en laissant notre cerveau accoler des références et des similitudes à divers passages de ces 10 pièces, même en imaginant des aventuriers, ou encore un astronaute solitaire à la surface d’une planète aussi désertique que menaçante, la musique de Pur Pasteur et de Xavier-Charles Fecteau nous ramène toujours à la réalité.
À la suite de l’écoute de ce Voyage d’Héliodore, on se réveille donc, en quelque sorte, après l’équivalent d’un voyage dans les étoiles, pour retrouver la beauté et la douceur de notre existence. La preuve, s’il en est, que cet album est une oeuvre qu’il est particulièrement agréable de découvrir et de visiter encore et encore.