Les scientifiques savaient déjà que les fourmis pouvaient soigner leurs congénères blessées. Une équipe de chercheurs allemands a maintenant démontré qu’elles peuvent procéder à des amputations lorsque cela est nécessaire.
Les chercheurs ont plus particulièrement étudié des fourmis charpentières de Floride. Ils ont remarqué que, lorsque l’une d’entre elles est blessée au fémur, les autres mordillent la base de sa patte pour l’amputer —et celle-ci ne se débat pas, elle se laisse « opérer ». C’est la première fois qu’une telle intervention est observée chez des animaux, écrivent-ils dans leur étude, parue récemment dans la revue Current Biology.
Sur 24 fourmis ayant subi ce type de blessure, 21 ont été amputées par leurs congénères et ont survécu. Ce n’est pas le cas des trois fourmis qui n’ont pas « subi » cette intervention. Il semble donc que l’amputation empêcherait les pathogènes qui infectent la blessure de se propager. Un comportement « remarquable » note un des chercheurs en entrevue.
Les chercheurs ont toutefois remarqué que les fourmis ne procédaient pas à une amputation lorsque la blessure était située sur le tibia. Dans ce cas, elles soignaient plutôt la plaie en maintenant la patte blessée dans leurs mandibules et leurs pattes avant, ce qui leur permettait de la lécher.
Cette différence dans le traitement des deux blessures pourrait s’expliquer par le système circulatoire particulier des fourmis. En effet, les muscles responsables de la circulation sont situés dans le fémur. Lors d’une lésion à cet endroit, les pathogènes peuvent donc pénétrer plus facilement dans le reste de l’organisme. Cependant, comme la circulation est aussi ralentie, cela donne le temps aux fourmis de réaliser l’amputation, au contraire d’une blessure au tibia.
Les fourmis peuvent donc faire la différence entre les deux blessures et adapter leur comportement en conséquence. Toutefois, cela ne signifie pas que ces insectes comprennent pourquoi l’intervention est appropriée, soulignent les chercheurs dans le New Scientist. Il semble plutôt qu’il s’agisse d’un comportement inné.