L’idée n’est pas neuve: intégrer les fonctionnalités d’un ordinateur dans un format portatif, histoire de pouvoir jouer à ses jeux Steam, GOG, Ubisoft ou autres en déplacement, ou encore simplement chez soi, mais sans devoir s’installer à son bureau. Mais avec le lancement de la ROG Ally X, la compagnie ASUS frappe fort, très fort, malgré quelques inconvénients.
Entre nos mains, quelque chose comme une Game Gear sur les stéroïdes: un écran de 7 pouces de diagonale, 24 gigaoctets de mémoire vive, 1 téraoctet de stockage (qui peut être augmenté à l’aide d’une carte microSD)… Le tout avec un processeur AMD Ryzen z1 Extreme et une carte vidéo Radeon intégrée.
Puisque le concurrent direct d’ASUS, dans ce marché, est sans surprise Valve avec sa console Steam Deck, le fabricant asiatique offre ce qui est carrément un mini ordinateur de bureau. Point de SteamOS, ici, ou tout autre système d’exploitation propriétaire. On tourne plutôt sous Windows 11, avec ses avantages et ses inconvénients.
À cela, ASUS ajoute une couche supplémentaire sous la forme d’un genre d’enveloppe numérique qui regroupe l’accès aux mises à jour de l’appareil, différentes options de configuration, mais aussi à une série de lanceurs dédiés.
On y retrouve l’option d’installer et lancer Steam, bien entendu, mais on offre également l’accès à la Game Pass de Xbox, à EA Origin, à Ubisoft Connect, Epic, ou encore à GOG Galaxy. Autant de services différents qui témoignent de la versatilité de l’appareil.
Techniquement, une fois les téléchargements et les connexions effectués, on a donc accès à tous les principaux services, sur PC, qui servent à la fois de boutiques numériques et de bibliothèques pour nos jeux vidéo. Ce qui signifie, pour ce journaliste, plusieurs milliers de jeux (merci codes envoyés à la presse et ventes répétées).
Libéré, délivré?
Cela étant dit, et en étant tout à fait conscient de l’ironie de la chose, cette ouverture, cette liberté offerte par le ROG Ally X est peut-être aussi l’un de ses plus gros défauts. Car ce n’est pas à une version réduite de Windows 11 que nous avons droit, mais plutôt une version complète, le tout projeté sur un écran de 7 pouces de diagonale. Ledit écran est tactile, certes, mais Windows a toujours été d’abord conçu pour être utilisé avec un clavier et une souris.
Tenter de se connecter au réseau Wifi pour se brancher au web a d’ailleurs nécessité un petit tour de passe-passe consistant à réduire la taille du clavier virtuel, à l’écran; autrement, le clavier prenait tout l’espace disponible, refermant du même coup la fenêtre où l’on devait taper le mot de passe.
Le fait d’avoir Windows, aussi, sans compter le logiciel spécialisé d’ASUS, fait en sorte que nous devrons tenir compte de deux séries de mises à jour potentielles. Trois si l’on inclut aussi Steam, par exemple. Ou tout autre service similaire. Rien de catastrophique, certainement, mais il est évident que l’on multiplie ainsi les risques d’erreur, d’incompatibilité, de problèmes à résoudre, etc.
Notons toutefois que rien de tout cela ne s’est produit lors de la période d’essai de cet appareil. Aucun bogue n’a interrompu une séance de jeu, et même une mise à jour du BIOS s’est déroulée sans problème, ASUS ayant automatisé le processus.
Là où le bât blesse, toutefois, c’est du côté des contrôles. Les commandes traditionnelles (deux joysticks, un pavé directionnel, les touches A, B, X et Y, ainsi que deux gâchettes, de chaque côté) fonctionnent sans aucun problème, mais ce ne sont pas tous les jeux qui acceptent l’équivalent de la structure d’une manette. Pour certains titres, comme Clustertruck, que ce journaliste avait pourtant essayé sur la Xbox One, à l’époque, impossible de jouer correctement.
Pour d’autres jeux plus récents, comme l’excellent Death Must Die, il n’y a rien à redire, l’expérience est franchement agréable. Et si les ventilateurs du ROG Ally X se font parfois aller, il suffit de brancher un casque d’écoute – ou de synchroniser des écouteurs sans fil – pour profiter d’une très bonne qualité sonore et oublier le reste.
On pestera un peu, certes, contre les quatre boutons situés de part et d’autre de l’écran, et dont la fonctionnalité semble parfois quelque peu obscure. De quoi s’ennuyer, bien franchement, de l’époque pas si lointaine où nous avions « start » et « select ». Et même Steam a parfois de la difficulté à s’y retrouver: puisque les contrôles sont émulés pour ressembler à une manette de Xbox, on nous suggère parfois d’appuyer sur le bouton « xbox », justement. Chose qui est un peu difficile à faire, on en conviendra.
Des limitations inhérentes
Il faut aussi accepter qu’une bonne partie des jeux disponibles sur Steam ne seront tout simplement pas jouables aisément sur le ROG Ally X. Le Steam Deck possède de petits écrans tactiles pour nos pouces, certes, mais même cette console est surtout conçue pour les jeux de courses, de combat, de rôle (si l’interface si prête) et de plateformes. Oubliez les jeux de stratégie, ceux de gestion, ou encore les pointe et clique. Du moins, dans la grande majorité des cas.
Quand le ROG Ally X est dans son élément, en quelque sorte, l’exécution est sans faille: on retrouve tout le plaisir de jouer à un bon titre PC, en y combinant la capacité de s’installer où on le souhaite, chez soi comme à l’extérieur (même si l’absence de connexion internet peut poser problème, dans certains cas). Quand on essaie de sortir un peu des sentiers battus, on s’expose à des embûches.
Si l’on joue déjà à des jeux qui se transposent bien sur un appareil portatif, alors la puissance, la versatilité, l’autonomie et la qualité de fabrication du ROG Ally X en feront un choix idéal. Autrement, les 1100 $ réclamés pour acquérir cet engin auront malheureusement des allures de dépense superflue, même en tenant compte de toutes les prouesses techniques offertes.