Les valeurs morales: voilà ce qui pourrait bloquer des gens, lorsque vient le temps d’envisager de manger de la viande cultivée en laboratoire, indique de nouveaux travaux de recherche. Ainsi, les individus qui estiment qu’une vie naturelle est importante sont davantage portés à rejeter ce nouveau type de viande.
Dans le cadre de ces travaux, il a été déterminé que ceux qui respectaient davantage la notion morale de pureté étaient moins portés à croire que la viande cultivée en laboratoire, c’est-à-dire créée à partir de cellules animales, plutôt que selon les méthodes d’élevage traditionnelles, était bonne pour eux, en plus d’avoir davantage tendance à considérer ces produits comme n’étant pas naturels.
De façon surprenante, la valeur morale consistant à ne pas faire de mal à d’autres personnes ou à des animaux n’était pas constamment associée aux sentiments positifs ou négatifs envers la viande de culture, qui est souvent mise de l’avant comme une alternative éthique à la viande d’élevage.
Selon les chercheurs, les conclusions de l’étude permettent de mieux comprendre les sentiments et les questions éthiques pourraient pousser des gens à rejeter la viande de culture, une industrie en croissance qui pourrait valoir plus de 3 milliards de dollars américains.
Pour parvenir à leurs résultats, les auteurs des travaux ont interrogé plus de 1800 adultes, aux États-Unis et en Allemagne, à propos de leurs perceptions et attitudes par rapport à la viande produite en laboratoire, ainsi qu’à propos de leurs valeurs morales en général.
Les conclusions sont publiées dans Appetite.
Les scientifiques ont évalué les valeurs morales des participants selon cinq catégories: éviter la souffrance, agir de façon réciproque ou juste, la loyauté envers un groupe, le fait de respecter la hiérarchie et l’autorité, et le fait d’agir de façon pure.
Au-delà des embûches réglementaires que devra surmonter l’industrie de la viande de culture, il faudra aussi faire changer d’avis les consommateurs à propos de certains sujets, si ce secteur de l’industrie alimentaire souhaite gagner des adhérents, indique l’étude. Les chercheurs ont ainsi constaté que ceux qui adhéraient le plus à l’idée de « pureté » étaient davantage portés à voir la viande de culture de façon négative.
Cet état de fait persistait, même en tenant compte du statut socioéconomique des individus, de leurs idées politiques, ou encore de leur âge.
« La viande de culture est mise de l’avant comme une solution potentielle aux inquiétudes éthiques et environnementales de l’élevage industriel », souligne le Dr Matti Wilks, de l’École de philosophie de l’Université d’Édimbourg.
« Cette étude représente un premier pas vers une meilleure compréhension des valeurs morales qui pourraient sous-tendre les attitudes envers la viande cultivée en laboratoire, et les sentiments ou inquiétudes éthiques qui pourraient pousser les gens à s’en détourner. »