La Grande Tache rouge de Jupiter, la plus grande tempête du système solaire, est de plus en plus petite, et une nouvelle étude pourrait aider à comprendre pourquoi.
Situé dans l’hémisphère de cette géante gazeuse, cette Grande Tache rouge est un ovale rouge-orange de haute pression faisant plus de 15 000 kilomètres de diamètre. Les vents y circulent constamment à plus de 350 km/h dans le sens antihoraire.
Depuis près d’un siècle, cependant, cette tache diminue, particulièrement depuis les 50 dernières années.
« Plusieurs personnes ont observé la Grande Tache rouge, au cours des 200 dernières années, et ont été aussi fascinées que moi », affirme Caleb Keaveney, de l’École des arts et sciences de l’Université Yale, et principal auteur de cette étude publiée dans Icarus.
Une partie de la curiosité liée à cette facette de Jupiter s’explique par les nombreux mystères qui l’entourent, malgré le fait que cette région de la planète a été largement étudiée. Les astronomes ignorent, précisément, le moment où cette tache s’est formée, pourquoi elle est apparue, ou pourquoi elle est rouge.
Dans le cadre de son étude, le Pr Keaveney et ses collègues se sont concentrés sur l’influence de tempêtes éphémères plus petites au sein de cette Grande Tache.
Des similarités entre Jupiter et la Terre
Les chercheurs ont mené une série de simulations en 3D de cette tache en utilisant un modèle atmosphérique destiné à être appliqué à l’ensemble de planètes.
Certaines de ces interactions simulées entre la Grande Tache rouge et des tempêtes plus petites de fréquence et d’intensité variables, tandis qu’un autre groupe de simulations, servant de référence, celles-là, ne comprenaient pas ces tempêtes plus petites.
Une comparaison de ces simulations laisse entendre que la présence d’autres tempêtes renforçait la Grande Tache rouge, ce qui entraînait une croissance de celle-ci.
« Nous avons constaté, à travers plusieurs simulations identiques, qu’en « nourrissant » la Grande Tache rouge avec de plus petites tempêtes, comme cela s’est déjà produit sur Jupiter, nous pouvions moduler sa taille », a mentionné le Pr Keaveney.
Les chercheurs appuient en partie leur modélisation sur des systèmes de haute pression observés bien plus près de chez nous, c’est-à-dire dans l’atmosphère terrestre. Ces systèmes, appelés « dômes de chaleur », surviennent régulièrement dans certains courants-jets, et jouent un rôle important dans le contexte d’événements météorologiques extrêmes, tels que des vagues de chaleur et des sécheresses.
La longévité de ces « dômes », a été liée à des interactions avec des mécanismes météorologiques de plus petite taille, rappellent les scientifiques.
« Notre étude a des implications intéressantes pour les événements météo sur Terre », a encore déclaré le Pr Keaverney. « Les interactions avec des systèmes météorologiques avoisinants ont prouvé qu’ils pouvaient soutenir et amplifier les dômes de chaleur, ce qui a alimenté notre hypothèse voulant que des interactions similaires, sur Jupiter, pourraient elles aussi soutenir la Grande Tache. En validant cette hypothèse, nous renforçons notre compréhension des dômes de chaleur sur Terre. »