Qu’est-ce que Montréal? Il s’agit peut-être bien d’une question à saveur davantage philosophique qu’urbanistique, sociale, historique ou même géographique; qu’est-ce qu’une ville, après tout? Mais les gens du MEM, le Centre des mémoires montréalaises, se sont malgré tout attaqués à cette tâche en apparence herculéenne, soit celle de définir, voire expliquer, la métropole.
Par où commence-t-on? Par l’histoire? Par l’immigration? Par le commerce? Par l’habitation? Par ses travailleurs, ses étudiants, ses artistes, ses simples résidents, ses dirigeants? En réunissant ensemble des thèmes qui mériteraient, chacun de son côté, leur propre exposition, le tout dans un espace restreint, le MEM et ses organisateurs donnent parfois l’impression d’avoir choisi de tout dire, de tout montrer, de tout expliquer en quelques salles seulement.
Le tout, bien sûr, en laissant bien des choses de côté, contraintes muséales obligent. Mais à travers ce foisonnement, il est clair qu’une longue recherche documentaire a été effectuée; selon les responsables, d’ailleurs, ladite exposition est en préparation depuis cinq ans, soit même avant l’inauguration du MEM, coin Sainte-Catherine et Saint-Laurent. Des costumes aux explications écrites, en passant par les artefacts, les témoignages vidéo, ou encore les extraits sonores, on découvre la vie des Montréalais non seulement selon divers aspects de leur existence quotidienne, mais aussi à travers les époques, les classes sociales et les origines ethniques.
À travers l’exposition, on trouve quelques perles, comme cette série de fenêtres représentant autant de logement d’ici, qu’on y trouve une famille en train de souper, une affichette de « 4 1/2 à louer » – probablement à 2000$ par mois, maintenant –, ou encore ce dessin d’arc-en-ciel avec cette affirmation mensongère disant que « ça va bien aller ».
Mais Montréal, de par sa nature même, doit non seulement montrer bien des choses, mais semble être davantage dédiée aux touristes qu’à ceux qui consacreraient plusieurs heures à s’informer sur un aspect vraiment spécifique de l’histoire de la ville. Et donc, si l’on mentionne quelques côtés plus sombres, on passe aussi rapidement sur des scandales assez spectaculaires. Comme tout ce qui entoura la construction du Stade olympique, dans les années 1970… tout en montrant le bâtiment à moitié terminé lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux, en 1976. De quoi faire sourire bien des Montréalais.
Ultimement, Montréal vise le consensus, et c’est très bien comme cela. Et puisque l’exposition est permanente, il y a fort à parier qu’elle pourrait être bonifiée au fil du temps, si nécessaire. Dans l’état actuel des choses, on se prend à découvrir ou redécouvrir un aspect ou un autre de cette agglomération qui a commencé à quelques mètres du fleuve Saint-Laurent, un endroit aujourd’hui situé dans les sous-sols d’un autre musée, Pointe-à-Callière.
La visite de Montréal est incluse avec l’achat d’un billet pour une autre exposition présentée au MEM. Et une fois la dernière salle franchie, il est encore temps de ressortir à l’extérieur, histoire de poursuivre l’éternelle découverte de… Montréal. La belle, la laide, la vraie, la délicieusement chaotique, la vivante.