Dans un futur relativement proche, l’exploitation commerciale de la Lune bat son plein. Voilà donc le joueur appelé à agir en tant que directeur de l’un des nombreuses entreprises installées sur le satellite naturel de la Terre, histoire de développer un empire minier, manufacturier et commercial. Bienvenue dans The Crust.
Développé par VEOM Studio et publié en accès anticipé par Crytivo, The Crust, comme son nom l’indique, fait référence à la surface lunaire… et non pas à la cuisson d’une excellente pizza, malheureusement. Cette croûte planétaire, il faudra la miner, l’exploiter, la raffiner, la transformer, et éventuellement l’expédier, que ce soit sous forme de matériaux bruts, ou encore de produits transformés.
Pour parvenir à atteindre nos objectifs, il faudra tenir compte de plusieurs facteurs suffisamment différents de ce qui est généralement proposé, dans ce genre de jeux, que l’on apprécie franchement ce vent de fraîcheur. Tout d’abord, à moins de progresser suffisamment loin dans l’arbre technologique, la seule source d’énergie disponible, pour alimenter notre machinerie et nos autres installations, sera celle du Soleil. Le hic, c’est que la Lune est plongée dans une « nuit » d’une durée de deux semaines. Et donc, pour éviter des problèmes, il faudra construire de gigantesques accumulateurs.
L’autre aspect à considérer, c’est l’argent. Contrairement à des titres comme Factorio et Satisfactory, par exemple, bien des choses coûtent de l’argent, dans The Crust; nous sommes dans un système capitaliste, après tout. Et donc, si les bâtiments sont généralement gratuits, les convoyeurs, les pylônes et les câbles électriques, eux, sont payants. Tout comme certains services et produits offerts par un gigantesque conglomérat qui semble régner en maître sur la Lune.
Et pour regarnir nos coffres, The Crust incite très fortement à utiliser la mécanique des contrats, qu’il s’agisse d’expédier des matériaux sur Terre, ou encore d’aller porter des fournitures et objets importants à d’autres installations lunaires. Tout cela prend du temps, et le temps, comme on le sait, c’est de l’argent. Réalisez plusieurs contrats pour une même compagnie, et vous obtiendrez de meilleurs forfaits et des tâches plus alléchantes. Au contraire, ratez votre coup et votre réputation en souffrira.
Encore du travail à faire
Ces deux mécaniques de jeu sont franchement intéressantes, et pour un jeu en accès anticipé, The Crust comporte déjà une bonne dose de contenu. Cependant, si l’on peut apprécier les visuels, l’exécution du concept – notamment avec la surface réservée à certaines activités, alors que la production est longtemps largement restreinte au sous-sol, un peu comme dans Steamworld Build –, ainsi que la bande son, entre autres aspects positifs, il est clair que le jeu a besoin de nombreux ajustements avant d’espérer pouvoir obtenir sa version « 1.0 », et véritablement tenter de gagner son public.
Car même en mode facile, il est extrêmement aisé de se peinturer dans un coin et d’être forcés de recommencer sa partie. Contrairement à Factorio, par exemple, où tout est démontable et récupérable, à quelques rares exceptions près, ici, on ne récupère pas entièrement les sommes investies dans la construction d’un réseau électrique, par exemple. Ce qui peut faire en sorte que l’on soit acculé à la faillite en tentant de développer la production de la ressource dont on a pourtant urgemment besoin pour compléter un contrat et ainsi obtenir de précieux revenus.
D’ailleurs, le jeu propose très régulièrement des contrats dont l’ampleur est absolument disproportionnée par rapport à nos moyens de production, où à l’ampleur de nos stocks. Cela vaut aussi pour certains contrats que nous sommes plus ou moins forcés d’accepter ou de refuser, tout en sachant très bien qu’un refus nuira à notre réputation.
Mais le pire aspect de The Crust est sans aucun doute son arbre technologique: séparé en trois, il nécessite trois types de science, et bien souvent un mélange de ceux-ci. Cela peut être bien pratique, et permettre de rechercher plusieurs technologies en même temps, si celles-ci n’ont pas besoin du même type de science, mais la façon d’obtenir des points de science laisse à tout le moins dubitatif. Y compris pour la science « verte », à laquelle sont principalement liées des technologies aussi importantes que l’acquisition d’une licence pour accepter et traiter des contrats… c’est-à-dire un aspect essentiel du jeu.
Et si vous n’y pensez pas trop et que vous utilisez le peu de points « verts » pour rechercher une autre technologie? Eh bien, vous pouvez toujours faire appel à un laboratoire payant. À condition d’avoir de l’argent. Sinon, eh bien, tant pis, c’est foutu.
L’idée n’est pas de constamment tout ramener à Factorio, un jeu qui a ses propres problèmes, mais à l’exception d’une attaque d’insectes qui perce vos défenses et qui détruit les machines nécessaires à la fabrication d’autres défenses et d’autres armes, toute erreur peut normalement être corrigée, dans ce jeu. Et aucune partie ne sera perdue si un manque de productivité, quelque part, fait en sorte que vos usines rutilantes n’arrivent pas à produire les items dont vous avez besoin. Dans le pire de cas, il faudra miner des ressources à la main, jusqu’à pouvoir construire une mine automatique au charbon, un four en pierre, et le tour est joué.
Dans The Crust, le développement de votre base peut aller bon train, mais si vous n’avez pas prévu, à l’avance, de réserver certaines ressources pour plus tard, il est très facile de se planter et de perdre la partie. Ajoutons à cela certains problèmes liés au transport de marchandises, par exemple, comme cette apparente impossibilité de récupérer des matériaux tombés au sol, par exemple, et vous obtenez un jeu tout à fait prometteur, qui fait même rêver, par moments, mais qui comporte aussi son lot de frustrations variées.
On aurait souhaité sauter à pieds joints dans un jeu de gestion suffisamment différent pour alimenter notre passion pour de bien belles usines automatisées qui fabriquent de rutilants objets; avec The Crust, on voit l’ébauche de quelque chose de bien, mais le jeu force carrément les joueurs à emprunter une seule et même voie, en offrant au passage une difficulté ridiculement élevée. Attendons de voir la suite avant de prendre notre billet pour la Lune.
The Crust
Développeur: VEOM Studio
Éditeur: Crytivo
Plateforme: Windows (testé sur Steam)
Jeu disponible en français (interface et sous-titres)