Il est une vedette touarègue à six cordes. Une légende en chair et en chant. Le Nigérien Bombino ouvrira la première soirée des grands événements du Festival international Nuits d’Afrique. Force tranquille électrique, il s’exprime sur le sort de son pays en proie au sous-développement et croit plus que jamais au pouvoir de la guitare pour éclairer son peuple et son public planétaire.
Urgence pour les peuples du désert
La figure d’Omara « Bombino » Moctar a émergé du panorama musical au tournant des années 2009. L’album du Groupe Bombino – Guitars from Agadez s’offre dans toutes ses latitudes, chanté en langue tamasheq, celle du peuple touareg. Le chanteur, maintes fois exilé de son terreau, de sa ville natale d’Agadez, à cause des menaces d’insécurité planant par la présence de forces obscures jihadistes, se fait leur porte-parole.
Il connaît ce poids sur le peuple qui verra peu à peu la ville et ses vastes alentours à l’abandon. C’est ce péril que chante et écrit l’auteur-compositeur-interprète Bombino depuis plus de 15 ans, sans jamais baisser les bras.
Et son récent album intitulé Sahel le démontre à nouveau. « Les Touaregs vivent encore des difficultés parce qu’ils sont pris entre les six frontières du Sahel. De la Mauritanie au Soudan, au nord du Niger, au sud de la Lybie et de l’Algérie, au nord du Mali et du Burkina Faso. Nous sommes au cœur du désert, et notre développement est négligé, affirme l’artiste. »
Sur le Niger, Bombino le décrit comme un pays d’intranquillité, surtout le coup d’État de juillet 2023. Un impact direct sur la chute du tourisme, déjà mal en point depuis des années. Face à la détresse de ses compatriotes, une seule solution: la développement et l’appel à la jeunesse. Construire des routes, des forages et créer de l’emploi constitue l’ultime espoir pour éradiquer l’insécurité et faire reculer les terroristes.
« Les jeunes du Niger sont leurs prisonniers et endossent leur projet malsain, parce qu’il n’y a rien d’autre pour eux! C’est pourquoi ils prennent des bateaux et quittent. S’il y a une forme de développement, ils vont se détourner de toutes ces impasses… », clame l’homme engagé, ajoutant que 90% des jeunes ont des guitares au pays. Une statistique du cœur.
Le sens de la fête et de l’humilité
L’optimiste Bombino croit à un retour de la paix comme avant 2007, au Niger. Les tensions sociopolitiques se dissiperont un jour grâce au pouvoir de la musique… et de sa guitare! L’un de ses rêves? Organiser en plein désert, dans une oasis, un festival pour le rapprochement culturel et leur dialogue. Il y aura juste besoin d’eau et de jardinage, souligne celui qui aspire par un tel événement à offrir autre chose aux gens qui attendent cet avènement.
Parmi ses invités, les Tinariwen et autres artistes du désert sahélien, du Mali et d’Algérie. Philosophe, il trace une métaphore entre le nettoyage d’une maison par la musique à impact. Elle peut sauver le monde entier et les grands.
S’il a acquis une telle popularité internationale, Bombino garde toujours ses fidèles attributs, turban noué sur la tête, tenue touarègue. Invité du FINA pour une nouvelle page musicale, il se sent honoré d’être de la programmation de ce premier festival l’ayant accueilli au Canada.
Bombino
Festival international Nuits d’Afrique / mardi 16 juillet, 21h30
SCÈNE TD – RADIO-CANADA (1435 Rue Saint-Alexandre)