Dès le début de la pandémie de COVID, des scientifiques s’étaient demandé pourquoi certaines personnes semblaient naturellement immunisées contre le virus. Une nouvelle étude laisse croire que la réponse se trouve dans les gènes contrôlant le système immunitaire.
En 2021, des chercheurs britanniques avaient approché une poignée de jeunes adultes qui n’avaient encore jamais attrapé la COVID-19 et qui n’étaient pas encore vaccinés. Ils leur avaient alors proposé de les infecter volontairement. Les résultats de cette expérience inusitée ont été publiés récemment dans la revue Nature.
Sur les 16 participants, seulement six ont reçu un résultat de test PCR positif et ont été malades. Trois autres ont connu ce qu’on appelle une infection transitoire, c’est-à-dire que le virus avait été détecté dans leurs fosses nasales, mais ils n’avaient développé aucun symptôme. Les sept derniers ont eu des résultats négatifs, rapporte le magazine Science News.
En analysant les gènes des participants, les chercheurs ont noté que chez ceux qui n’avaient pas développé de symptômes, l’activité du gène HLA-DQA2 était plus élevée que chez ceux qui avaient été malades. Ce gène est responsable de la production d’une protéine de la famille des HLA classe II, des molécules qui jouent notamment un rôle pour aider certaines cellules clés du système immunitaire à détecter les virus. L’activation du gène HLA-DQA2 semble donc être nécessaire pour contenir l’infection et l’empêcher de s’installer, concluent les chercheurs.
Le rôle critique du complexe HLA
Cette équipe de scientifiques n’est pas la première à tenter de comprendre pourquoi certaines personnes résistent à la COVID-19. En 2021, des chercheurs brésiliens ont étudié 83 couples dont un des partenaires avait attrapé la maladie, mais ne l’avait jamais transmise à l’autre, malgré le fait qu’ils partageaient le même lit. Ils ont constaté que certaines mutations dans les gènes HLA-A (famille des HLA classe I) et HLA-DRB1 (famille des HLA classe II) semblaient protéger contre la COVID-19.
En 2023, une étude réalisée aux États-Unis auprès de 1428 participants a montré que ceux qui étaient asymptomatiques lors d’une infection étaient deux fois plus susceptibles d’être porteurs d’une mutation dans le gène HLA-B (famille des HLA classe I) que ceux qui développaient des symptômes.
Les gènes du complexe HLA semblent donc particulièrement importants pour lutter contre le virus de la COVID, probablement parce qu’ils ont une fonction centrale dans l’activation des cellules du système immunitaire. Les gènes qui modulent la réponse immunitaire sont en effet des candidats naturels pour identifier les facteurs génétiques de protection contre la maladie, notaient d’ailleurs en 2021 les chercheurs brésiliens.