Il semble clairement y avoir un intérêt pour la Planète des singes, du moins dans sa version revampée avec des créatures animées par ordinateur. À preuve, ce Kingdom of the Planet of the Apes, qui est plus ou moins une suite de la trilogie des dernières années. Malheureusement, on s’y embourbe dans tant de clichés qu’on se demande pourquoi on a engouffré 160 millions de dollars (américains!) dans une telle aventure.
« Plusieurs générations » après la plus récente trilogie, donc, qui mettait en vedette un singe appelé César, un animal aux capacités intellectuelles renforcées par un virus ayant surdéveloppé son intelligence, qui a ensuite dirigé les siens pour établir la suprématie simiesque sur les restants de la race humaine (décimés et rendus « idiots » par ce même virus), voilà donc Noa, un jeune singe qui cherche à prouver sa valeur auprès de son père, chef du clan de l’Aigle.
Débrouillard, mais aussi naïf, Noa sera confronté à la violence de cet univers post-apocalyptique lorsque des singes masqués, montés à cheval et munis de lances électriques, lanceront un raid sur son village, capturant une bonne partie de la population et tuant au passage le chef – et donc le père de Noa.
Déterminé à retrouver les siens, notre héros fera la connaissance de Raka, un orang-outan entretenant le mythe de César et la soif de connaissances de celui-ci, mais aussi de Mae, une jeune humaine qui, au contraire de ses congénères, est mieux habillée et s’avère être capable de parler. Bien loin du statut d’animal un peu idiot accolé aux autres représentants de la race humaine, bref.
Ultimement, tout ce beau monde se retrouvera entre les mains de Proximus, un émule de César (si le nom latin n’avait pas déjà mis la puce à l’oreille) qui souhaite entrer dans une installation secrète ayant autrefois abrité des humains. Avec toutes les merveilles technologiques et les armes que cela suppose. Mais Mae, elle, semble avoir un autre objectif…
Le premier Planète des singes proposait une idée radicalement différente des autres films de l’époque, c’est-à-dire un monde où l’humanité, ayant provoqué sa propre destruction, avait été remplacée par ses cousins. Cousins simiesques qui avaient profité d’un bon coup de pouce de l’évolution pour devenir plus « civilisés ». Le film forçait à réfléchir sur la question du pouvoir, des rapports de domination, de la tendance de l’humanité à asservir ou éliminer toutes les autres espèces minimalement menaçantes… On y proposait une version juste assez différente de « l’humanité » pour que le résultat dérange. D’autant plus que notre espèce était justement réduite à un statut d’animal.
Cette fois, on a droit à l’histoire classique d’un monde post-apocalyptique où un tyran, persuadé de sa grandeur et de la justesse de sa cause, souhaite mettre la main sur des merveilles technologiques et militaires de « l’ancien temps ». Tout y passe: la demoiselle en détresse, le dictateur d’opérette, le compagnon de route qui a droit à ses cinq minutes à l’écran avant de mourir… Même la fin relativement « ouverte » qui laisse la place à une possible suite. Parce qu’il faut bien faire sonner le tiroir-caisse, après tout.
Ultimement, que les singes soient maîtres du monde ou pas ne change largement rien, dans ce Kingdom of the Planet of the Apes. On a quand même droit aux clichés éculés du genre. Le tout avec une réalisation générique de la part de la personne à la barre des Maze Runner. Rien, bref, pour être autre chose qu’un divertissement franchement banal.