Après Napoleon, disons qu’Apple Studios ne sera pas reconnu comme une référence historique, mais ses dirigeant savent certainement produire des divertissements efficaces. Parlez-en à Fly Me to the Moon qui, même s’il ratisse probablement trop large, vient pimenter l’un des mensonges préférés des complotistes: l’alunissage d’Apollo 11.
Appelé en renfort après le départ précipité du réalisateur Jason Bateman, Greg Berlanti a délaissé le petit écran qu’il connaît par coeur pour offrir son quatrième long-métrage, plus de cinq ans après Love, Simon.
Habitué des romances et de la vie bien romancée à la sauce hollywoodienne, il vient dépeindre avec un certain charme, mais aussi avec légèreté et beaucoup d’humour, les dessous de la NASA. Mieux encore, une distribution cinq étoiles se met de la partie, dominée par une Scarlett Johansson en pleine possession de ses moyens dans un rôle en or.
C’est que son personnage foncièrement féministe de pro du marketing appelée pour sauver l’image de la NASA, au moment où la course vers la lune semble de moins en moins gagnée face aux opposants russes, a beaucoup de charme à revendre, autant pour ceux qui croisent sa route que les spectateurs qui s’amusent à démêler le vrai du faux durant le film.
Mais ne lançons pas de rumeurs. Autant revoir First Man de Damien Chazelle, ou l’hallucinant documentaire Apollo 11 de Todd Douglas Miller pour les puristes, puisqu’ici, à coups de références à Kubrick et à Star Trek, presque tout n’est que pure fiction.
Il ne faut toutefois pas bouder son plaisir, puisque cette ode aux bons et mauvais côté du capitalisme est d’une fluidité souvent envieuse et contient bon nombre de moments amusants. Difficile de ne pas être divertis, après tout, quand Channing Tatum, Ray Romano, un délirant Jim Rash et autres Woody Harrelson ont autant de plaisir.
Force est d’admettre, toutefois, que de vouloir couvrir une part de l’histoire de la NASA (tout en se permettant un beau coup de pub), de la présidence de Nixon, de la course vers la Lune avec ses élans de guerre froide avec les Soviétiques, en plus de tisser une histoire d’amour, ça commence à en faire beaucoup pour un long-métrage qui laisse la plupart du temps sous-entendre qu’une minisérie a peut-être déjà été dans les plans.
Vouloir trop en dire est d’ailleurs souvent l’un des plus grands problèmes d’un premier scénario, ce qui est le cas ici pour Rose Gilroy. Plus de deux heures pour un divertissement popcorn sans grandes explosions peut sembler excessif et le temps se fait un peu sentir en avançant considérant que les moments plus dramatiques ou touchants sont moins convaincants, mais pas assez pour gâcher l’ensemble.
Reste les images plastiques léchées de Dariusz Wolski, qui a même droit lui aussi à son petit cameo, les bons choix musicaux passant de Sam Cooke, à Aretha Franklin et aux Bee Gees… sans oublier les compositions du surdoué Daniel Pemberton. Il réutilise d’ailleurs l’une de ses pièces du film Ocean’s 8.
Ironiquement, l’histoire d’amour, qui semble toujours s’entêter à rester au coeur de l’ensemble, plutôt que de le maintenir, paraît souvent de trop. La chimie entre Tatum et Johansson est plaisante, mais on avoue qu’on se demande encore ce qu’aurait été le projet prévu au départ avec Chris Evans.
Fly Me to the Moon demeure néanmoins une belle excuse pour se divertir sans trop de prétention dans une salle sombre, le temps d’un instant.
6/10
Fly Me to the Moon prend l’affiche en salles ce vendredi 12 juillet.