C’est une formation à nulle autre pareille. Cinq musiciens munis de leurs instruments fabriqués à base d’objets recueillis dans les rues de Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo. Une démarche née d’un réflexe face au gaspillage et à l’amoncellement de déchets pouvant avoir une seconde vie.
En prélude à leur performance du 10 juillet sur la scène du Balattou, quartier général du Festival international Nuits d’Afrique qui en est à sa seconde journée, Junior le bassiste expose la nature de Kin’Gongolo Kiniata.
Kinshasa toutes résonances
La sémantique du groupe même emprunte au langage écologique. Ainsi, « Kingongolo » fait référence au son produit par une boîte de conserve frappée par une bouteille, tandis que « Kiniata » réfère au verbe « Écraser ». Un condensé du « son qui écrase ». Pour plonger leur public dans la frénésie de la mégapole africaine, l’ingéniosité déborde, jusqu’à réinventer les sons de la rue, ses bolides et ses oiseaux.
Dévoué au rock-électro et à la funk, le quintette s’est lancé dans l’aventure mondiale grâce au label français Hélico musique et à l’un de ses fondateurs: Valentin Langlois. Depuis fin 2022, le monde tend les bras aux Kinois, du Womex (World Music Expo) de Berlin aux grands festivals comme le Transmusicales de Rennes et le Festival Africolor à Bobigny.
Mais avant toute cette histoire à succès, il y a cinq jeunes musiciens, tous chanteurs, d’abord formés en accompagnement musical. Jusqu’à la pandémie, comme le relate Junior alias Djino Bass. « On a décidé de s’unir pour faire quelque chose de différent, en créant des objets pour faire de la musique. » Junior a récupéré des marmites pour sa basse, tandis que Julien a conçu sa guitare à une corde et le batteur Mille Baguettes a vu en un écran de télévision la parfaite caisse de résonance.
Un autre album à l’horizon
Promesse d’élévation à la transe, Kin’Gongolo Kiniata innove par leur base rock-électro, à laquelle se ponctue des mélodies congolaises. Celles des grands, dont l’éternel Papa Wemba, disparu en 2016, souligne Junior. « On veut faire de la musique à notre manière et ne pas jouer sur des instruments modernes! Nous, on fait les choses autrement, mais les sonorités congolaises nous inspirent aussi… » La musique afro-beat, celle de Yemi Alade et Davido, rencontre aussi leur adhésion.
Le vent en poupe, Junior et ses pairs se préparent à lancer leur second opus, Kiniata, d’ici la fin 2024. Mais l’heure est à la tournée internationale. « Nous avons confiance en la puissance de notre musique, car partout où l’on passe, le public est en transe et interagit avec nous. Cela nous motive et confirme notre raison d’être », conclut Djino Bass.