Plus de la moitié des jeunes Australiens auraient déjà pratiqué la strangulation avec un ou une partenaire lors d’une relation sexuelle; ces résultats découlent d’un récent coup de sonde réalisé par des chercheurs des Universités de Melbourne et du Queensland, résultats qui font craindre d’éventuels dommages au cerveau.
L’enquête en question a révélé que 57% des répondants, âgés de 18 à 35 ans, ont déjà été étranglés par un partenaire durant un acte sexuel, contre 51% ayant déjà étranglé eux-mêmes leur partenaire.
Et si les auteurs des travaux reconnaissent que la strangulation « est un geste à risque élevé, mais qui fait partie des actes acceptables dans le cadre d’une relation consensuelle, et qu’il est important de ne pas stigmatiser les gens qui effectuent cette pratique », ils affirment également qu’il existe un risque important de blessure grave, voire de mort, « parfois plusieurs mois après les faits ».
Toujours au dire des chercheurs, c’est par la pornographie (61% des répondants) que les jeunes Australiens étaient mis au courant de l’existence de cette pratique sexuelle, mais aussi par d’autres films (40%), via leurs amis (32%), les médias sociaux (31%), ou encore en discutant avec leur partenaire actuel ou un futur partenaire (29%).
Ce sont par ailleurs les femmes (61%) qui sont les plus nombreuses à mentionner avoir déjà été étranglées durant l’acte sexuel, contre 43% des hommes. Et cette proportion est encore plus importante (78%) chez les personnes trans ou non binaires, rapportent les auteurs de l’étude.
À l’opposé, davantage d’hommes (59%) que de femmes (40%) ont mentionné avoir déjà pratiqué la strangulation sur un partenaire, alors que ce taux passe à 74% chez les personnes trans et non binaires.
Les données recueillies par les chercheurs indiquent également que les hommes homosexuels ou bisexuels étaient plus nombreux à avoir été étranglés que les hommes hétérosexuels, et que les femmes bisexuelles étaient elles aussi plus nombreuses à avoir été étranglées, ou à avoir étranglé, que les femmes hétérosexuelles.
Consentant ou pas?
L’un des aspects problématiques de cette pratique, écrivent les scientifiques, est l’absence de consentement entre les partenaires: de fait, les répondants à l’enquête ont généralement indiqué qu’ils n’avaient ni accepté, ni refusé d’être étranglés pendant un acte sexuel. Cependant, la strangulation était généralement perçue comme étant consensuelle, avec un consentement perçu de différentes façons.
Ce sont les personnes ayant étranglé leur partenaire qui étaient les plus portées (79%) à demander le consentement dudit partenaire, ou encore à retirer leur consentement, comparativement aux personnes subissant l’étranglement (57%).
Enfin, ce sont davantage les femmes (10%) que les hommes (8%) ou les personnes trans et non binaires (4%) qui ont indiqué « ne pas avoir consenti, mais ne pas avoir demandé ou agi pour que la strangulation cesse ».
Des gestes inquiétants
Comme le rappellent les auteurs des travaux, la strangulation est liée à divers types de blessures, qu’il y ait consentement ou non. « Cela peut inclure l’apparition de bleus, une gorge endolorie, des douleurs au cou, une voix rauque, de la toux, de la difficulté à avaler, des lèvres gonflées, de la nausée et des vomissements », écrit-on.
Et la liste des conséquences potentielles ne s’arrête pas là: dans les risques plus graves, on trouve les fausses couches, la perte de conscience, des dégâts au cerveau, et même la mort. Les fausses couches et le décès peuvent d’ailleurs survenir plusieurs semaines, voire des mois après la strangulation, souligne l’étude.
« Habituellement, il n’y a pas de blessures visibles associées à la strangulation, mais même lorsque la personne demeure consciente, il peut y avoir des dégâts au cerveau. Plus une personne est étranglée, plus elle risque ce genre de blessure », écrivent les chercheurs,
En fait, ajoutent-ils, la strangulation est criminelle, en Australie, mais dans un contexte de violence conjugale, entre autres. Cependant, cette pratique est possiblement légale dans la plupart des régions du pays « s’il n’y a pas de blessure visible, et s’il y a consentement ».
Cette situation inquiète les chercheurs, qui affirment que passer par le Code criminel n’est pas la solution, et qu’il faut plutôt éduquer davantage les gens à propos des risques liés à cette pratique sexuelle.