Faut-il encore présenter Caroline Décoste et Mathieu Charlebois? Les deux têtes pensantes derrière Vas-tu finir ton assiette?, une aventure alimentaro-humoristique écorchant autant la malbouffe que notre système économique vicié – sans oublier l’émission de téléréalité gastronomique Les chefs – proposent maintenant une version papier qui est à la fois plus et moins que la somme de ses parties.
De la barre de chocolat kit kat à l’idée de s’emparer des moyens de production, comme en font foi ce regroupement de tests, mais aussi de réflexions sur l’alimentation en général, la pression pour « bien manger », ou encore la multiplication des « chefs » et de leurs « recettes » le chemin peut sembler tortueux.
Mais lorsque l’on y pense, la chose est logique: puisque dans notre société, le fait de se nourrir a été largement transformé en un vaste système consumériste – un système idéal, puisque le cycle de consommation est toujours à recommencer –, réfléchir à l’existence (et au goût) de certains des pires propositions alimentaires (sur)emballées pousse à remonter jusqu’au haut de l’échelle.
Jusqu’aux patrons qui semblent s’en mettre plein les poches, pendant que nous dépensons sans compter pour manger des produits de qualité bien souvent plus que discutable.
Oui, cette entrée en matière est peut-être un peu excessive. Et il faut admettre qu’il faut creuser un peu, dans cet ouvrage paru chez Québec Amérique, pour trouver ce que l’on pourrait qualifier de substantielle moëlle. Car à l’instar du blogue du même nom, Vas-tu finir ton assiette parle surtout de bouffe. Celle qui nous rend parfois nostalgiques, celle qui a accompagné nos passages à vide, ou encore celle qui nous donne des brûlures d’estomac, entre autres.
Et ces critiques de produits alimentaires, si humoristiques soient-elles, se consomment normalement en petites quantités. Dans ce contexte, offrir une énième portion de la chose évoque un repas un peu trop copieux: on en reprendrait peut-être bien, mais c’est surtout par gourmandise, pas nécessairement parce qu’il nous reste encore un petit creux.
Cela étant dit, impossible de nier que Mme Décoste et M. Charlebois ont la répartie rapide, le verbe incisif, le mot aiguisé. Simplement, peut-être s’est-on trompé sur l’objectif de cet essai. Peut-être s’agit-il toujours d’en finir avec la bourgeoisie, certes, mais pas avant d’avoir repris du dessert.