L’idée est pratiquement usée jusqu’à la corde: dans un coin reculé de la planète, des soldats en mission spéciale se retrouvent soudainement à devoir se battre pour tenter de survivre et regagner ce bon vieux sol américain. Et dans Land of Bad, réalisé par William Eubank, quelques bonnes séquences ne parviennent pas à sauver le film des affres de l’ordinaire.
Sur place, donc, dans les jungles de l’Indonésie, on retrouve JJ Kinney, surnommé Playboy, qui est le plus jeune membre d’une escouade chargée de sauver un informateur de la CIA supposément capturé par un trafiquant d’armes russes.
Et à Las Vegas, dans une salle de contrôle climatisée, le capitaine Eddie « Reaper » Grimm, pilote de drone de son état, est chargé de surveiller les quatre gaillards, dont le jeune Kinney, puis de tenter de veiller à leur sécurité, largement en surveillant les alentours, mais aussi en utilisant parfois ses missiles et ses bombes contre des méchants génériques (et généralement cagoulés).
On aurait pu avoir un bon film de types musclés et armés, avec juste assez de testostérone et d’explosions pour nous divertir. Et c’est en partie ce que l’on trouve, dans Land of Bad. Car la direction photo y est certainement réussie, tout comme les effets spéciaux. Les combats sont d’ailleurs franchement accrocheurs, bien que l’on constate que les bandits possèdent beaucoup trop de lance-roquettes pour leur propre bien.
Non, le problème, dans ce film, est double: d’abord, on a choisi d’avoir un personnage principal générique – la « recrue » un peu perdue, joué par un Liam Hemsworth sans véritable éclat –, histoire que le public puisse s’y identifier plus facilement, sans oublier l’idée d’un individu transformé par le contact avec la réalité, celle des combats, du sang et de la mort.
Malheureusement, tout cela a été fait 1000 fois, et le fait d’avoir choisi des personnages secondaires dotés d’une véritable personnalité fait en sorte que l’on se désintéresse rapidement du sort de notre héros. De toute façon, on se doute bien qu’il va survivre.
L’autre aspect qui irrite, c’est cette relation construite un peu n’importe comment avec l’opérateur de drone (joué par un Russell Crowe qui était définitivement plus plaisant en prêtre exorciste). Sans compter cette histoire un peu stupide de téléphone mis en sourdine dans la salle de détente des soldats de la base, à Las Vegas… parce que l’heure est aux matchs de basketball. Ce qui donnera lieu à une scène absolument absurde où Russell Crowe abandonne son épicerie, saute dans sa voiture, retourne au travail et réussit à empêcher que Playboy et d’autres survivants ne soient bombardés, le tout en moins de deux minutes. Oui, c’est un divulgâcheur. Non, le film ne mérite pas vraiment qu’on en préserve les « secrets ».
Si l’on cherche un excellent film de mission qui tourne mal, dans la jungle, on pourra regarder le fantastique Predator. Autrement, Land of Bad permet certainement d’occuper deux heures de notre journée.