La résurgence des affrontements guerriers entre Israël et le Hamas, depuis le 7 octobre dernier, a-t-elle contribué à unifier la société israélienne? C’est du moins l’une des conclusions d’une récente enquête menée par le Pew Research Center, publiée à la fin du mois de juin.
Dans le cadre de ce coup de sonde, effectivement, la proportion des participants jugeant qu’il existe des « conflits profonds » au sein du pays, entre Israéliens juifs et Israéliens arabes a chuté de près d’une vingtaine de points de pourcentage depuis une enquête similaire menée en 2023, passant ainsi de 46% à 28% des personnes interrogées.
Par ailleurs, environ 1 personne sur 20 (18%) estime qu’il existe un profond fossé entre les personnes adhérant à une religion et ceux qui ne le sont pas, un recul de 11 points de pourcentage comparativement à l’année précédente.
Enfin, et malgré de multiples vagues de contestation contre le gouvernement de la droite dure du premier ministre Benyamin Nétanyahou, dont la coalition rassemble des élus d’extrême droite, 24% seulement des participants estiment qu’il existe un conflit important entre les adhérents de la gauche et ceux de la droite, alors que cette proportion atteignait 32%, il y a un an.
On pourrait ainsi croire que la population, toutes allégeances confondues, s’est davantage rangée derrière l’État, et que les tensions internes du pays se sont quelque peu apaisées. Or, affirme le Pew Research Center, il n’en est rien, ou presque rien: ainsi, si les juifs israéliens ont davantage confiance envers le gouvernement « pour faire ce qui doit être fait » (61%, en hausse de huit points), les Arabes israéliens, eux, ont très rapidement perdu confiance envers leurs élus.
De fait, ils ne sont plus que 23% à juger que la Knesset (parlement) et ses locataires agiront « correctement » dans le cadre de leurs fonctions.
L’armée a-t-elle un impact positif?
La différence est encore plus frappante lorsque l’on se tourne du côté de la vision des forces armées, Tsahal recueillant la faveur de la quasi-totalité des juifs du pays (93%), contre à peine le tiers (34%) des Arabes, en ce qui a trait aux événements ayant cours dans le pays.
Et dans d’autres domaines, l’incertitude n’a pas d’obédience religieuse: la construction de colonies de peuplement en Cisjordanie occupée, un acte illégal aux yeux du droit international, obtient l’approbation d’à peine 40% des Israéliens, alors qu’ils sont 35% à estimer que ces gestes viennent saper la sécurité nationale.
Ultimement, dans la foulée de la reprise de la guerre à Gaza, mais aussi dans le contexte de vives tensions internes, notamment en raison d’une réforme de la Justice menée tambour battant par le gouvernement Nétanyahou, qui lui donnerait la capacité de rejeter des jugements de la Cour suprême, 50% des Israéliens sondés se disent pessimistes quant au fonctionnement de leur système politique, contre seulement 35% d’optimistes.
De plus, 37% des personnes interrogées croient que juifs et Arabes peuvent vivre en paix ensemble, contre 37% qui pensent le contraire. Environ le quart des participants disent être à la fois optimistes et pessimistes en la matière, ou ne pas avoir d’opinion à ce sujet. La question de l’union nationale, du rassemblement du peuple derrière les drapeaux, en temps de conflit, est donc ici largement mise à mal.