Ils ont comme prénoms Antoine et Damien, mais on les connaît surtout par leur épithète artistique: Sir James et King Johnny. Tandem français sans âge, les dandys du dub s’amènent avec tous leurs membres pour une première fois au Canada, invités de choix du Festival international Nuits d’Afrique qui s’ouvre le 9 juillet. Pour célébrer l’Hexagone et la fraternité, L’Entourloop se distingue par son style décalé aux platines de la jubilation.
Pied de nez post-covidien
Avec un troisième opus en poche paru en juin 2022 – La Clarté dans la Confusion – L’Entourloop n’a pas bayé aux corneilles durant la pandémie. Ce troisième album fut un acte libérateur de cette période de cohue. Une suite de vingt pièces originales, nées de vibrations entraînantes, d’échantillons extraits de films français d’une autre époque, celle de la déconnade avec la voix de l’acteur Jean-Pierre Marielle.
Si le 7e art et l’usage d’échantillons vocaux occupe une telle part dans la création, ce n’est pas anodin: il s’agit de leur ADN identitaire. La projection d’images et scènes issues de documentaires et films captive Antoine et Damien. Ils aiment particulièrement le courant franchouillard des années 70-80, expliquent-ils en accord d’illustration musicale de leur univers. Ils sont fans d’un type de dialogue, de scènes de baffes.
La « loop » de France aux Caraïbes
Initiateurs d’un mouvement collectif guidé par une multiplicité de collaborations avec la grande famille dance-reggae-dub-électro, le duo compte parmi ses proches le chanteur de reggae jamaïcain Ken Boothe (Eternal Roses), le trompettiste français N’Zeng (La clarté dans la confusion et Get Back), Bounty Killer (Magistral) et Queen Omega (Florilège), leur sœur caribéenne qui ouvrira le bal le 13 juillet au MTelus.
« Elle est unique, un coup de cœur ! Une carrière de longue haleine derrière elle… On l’a invitée en Angleterre, et ailleurs, on l’adore! Queen Omega a quelque chose en plus dans sa façon de revisiter le hip hop des années 90, une énergie folle… », louange le tandem.
« On cherche à amener du plaisir aux gens malgré la confusion, dans la légèreté et le décalé. Hisser la libre expression, et faire de la musique avec chaleur humaine », soutient le duo qui alimente son réseau en partage de scènes lors de festivals.
Pour Sir James et King Johnny, le processus créatif naît de la fusion des genres. L’apport de la musique caribéenne et du rocksteady des années 60 s’inscrivent parmi leurs pépites en tous genres, idem pour les 45 tours calypso et le hip hop. Toujours teintés de cette pointe de dérision, les créateurs de sons ne se prennent pas au sérieux. « On fait de la musique comme on se laisse prendre au jeu, de là le nom du groupe! Comme une boucle, un « loop », un jeu. » Toute composition provient de l’effort collectif de DJs, de “beatmakers”, cinéphiles et collecteurs de disques. L’un de leurs pairs, MC Troy Berkley originaire des Bermudes, laisse sa trace depuis leurs débuts en 2013, au même titre que le producteur et trompettiste N’Zeng, Sébastien Blanchon, ex-membre du groupe Le Peuple de l’herbe.
Avec sa fratrie de milliers de fans dans le monde, L’Entourloop sait se préserver de la “star system” et suivre ce sillon underground qui englobe tous les styles émergeant du reggae et dub dont ils se revendiquent. Et cela leur va bien! En évitant d’être trop exposé aux phares, la formation en tire le bienfait du contrôle de sa musique, d’un développement qui leur est propre. À leur façon, avant tout. C’est la démarche du travail global, au-delà des visages qui les a façonnés dans une forme de mystère.
À quelques jours de leur arrivée à Montréal, les maestros nagent en plein bonheur. Que réservent-ils à leur public outre-Atlantique? Un DJ set renouvelé, jamais exploré, comme à leur habitude. Et sûrement un clin d’œil à la culture musicale locale dont ils connaissent le label 7e Ciel et le rappeur Koriass.
L’Entourloop au 38e Festival international Nuits d’Afrique
MTelus le 13 juillet – Première partie Queen Omega