Dans le milieu des années 1980, l’heure était aux films mettant en vedette des adolescents, et donc de jeunes acteurs dont l’ampleur de l’ascension n’avait d’équivalent que la rapidité de celle-ci. The Breakfeast Club, St. Elmo’s Fire, Pretty in Pink et tant d’autres ont déboulé sur les écrans… jusqu’à l’apparition de l’expression « Brat Pack ». Une quarantaine d’années plus tard, dans Brats, l’acteur Andrew McCarthy, lui-même membre de ce groupe, revient sur cette époque et sur ce sobriquet qui le hante toujours.
L’appellation avait frappé fort: dans la foulée d’un article portant d’abord sur une autre jeune vedette à l’époque, Emilio Estevez, voilà qu’un nombre assez important de jeunes acteurs se voyaient réduits à une expression rappelant peut-être le « Rat Pack », ces acteurs et vedettes plus âgés, plus matures, peut-être même plus talentueux, mais avec quelque chose de franchement péjoratif.
C’était certainement le cas pour McCarthy, qui a eu l’idée, après avoir signé un livre sur ce thème, d’explorer l’impact de cette désignation sous la forme d’un documentaire récemment lancé sur Disney+. Dans une démarche aux allures de grande thérapie collective, voilà que l’acteur et réalisateur, qui a surtout joué du côté de la télé et dans des films largement oubliables, depuis l’âge d’or des années 1980, entreprend de renouer avec les acteurs et actrices avec qui il partageait l’écran, à l’époque. Certains, comme Rob Lowe, sont toujours actifs, et leur carrière est très solide. D’autres, comme Emilio Estevez, justement, ont largement disparu de la circulation, et profitent de ce que leur carrière leur a apporté.
Chacun d’entre eux a ainsi une perspective différente de ce phénomène, et c’est à travers une série d’entretiens que McCarthy semblera pouvoir apporter des réponses aux questions qu’il se pose depuis tout ce temps. Car, comme il le mentionnera lui-même à plusieurs occasions, ce n’est pas parce que ces jeunes adultes partageaient l’écran, ou qu’ils faisaient ensuite la fête ensemble, qu’ils étaient des amis, ou qu’ils ont gardé le contact, par la suite.
De fait, lors des différentes retrouvailles entre McCarthy et ses anciens collègues, il s’est régulièrement écoulé des dizaines d’années depuis leur précédente rencontre.
À travers ces échanges, le documentaire propose aussi des entretiens fort intéressants avec des spécialistes de la culture cinématographique, d’anciens producteurs et réalisateurs, ou encore un sociologue, entre autres.
Mais l’extrait le plus pertinent est sans doute cette discussion de McCarthy avec David Blum, le journaliste, âgé de 29 ans, à l’époque, qui avait donné naissance à la fameuse désignation.
C’est toutefois en visionnant cette entrevue, ainsi que quelques autres, que l’on tombe sur le principal défaut de ce documentaire. Autant il est possible d’apprécier des oeuvres cinématographiques d’une durée de 90 minutes pile, autant Brats aurait gagné à être plus long. On comprend qu’il s’agit bien souvent de conversations très personnelles, mais en organisant un tel documentaire avec d’anciens collègues acteurs et actrices, n’a-t-on pas déjà fait le choix de dévoiler cette réalité? Dans ce cas, pourquoi ne pas prolonger les séquences?
La discussion avec David Blum, d’ailleurs, aurait été franchement plus intéressante avec davantage de chair autour de l’os, si l’on peut dire. À voir les expressions faciles d’Andrew McCarthy, certainement, il y avait certainement un sujet à creuser.
Bref, Brats plaira certainement à ceux et celles qui ont vécu cette époque où John Hugues et consorts régnaient en maîtres sur un box-office hollywoodien aux couleurs néon, malgré ce sentiment de ne pas en avoir eu pour notre creuse dent. Et pour les autres, trop vieux ou trop jeunes, il s’agit d’un portrait assez complet d’un phénomène populaire dont l’impact se fait encore sentir aujourd’hui.