Après sa victoire aux élections européennes, le parti d’extrême droite du Rassemblement national a une nouvelle fois confirmé sa domination électorale, remportant 34% des voix lors du premier tour des élections législatives françaises, dimanche dernier. Face à cette montée historique de l’extrême droite et confrontée au risque de la voir arriver au pouvoir dans une semaine, une partie de la jeunesse française se mobilise.
Il est presque 19h à Lyon lorsque des centaines de personnes affluent sur la Place des Terreaux. Dans la deuxième métropole française, les manifestations contre l’extrême droite s’enchaînent depuis la victoire du Rassemblement national (RN) aux élections européennes du 9 juin. Entre-temps, le président Emmanuel Macron a dissous l’Assemblée nationale et convoqué de nouvelles élections législatives pour le 30 juin et le 7 juillet, donnant l’opportunité au RN de confirmer son succès et d’accéder au pouvoir en France.
Un enjeu de taille qui a poussé de nombreux jeunes à sortir dans la rue pour exprimer divers sentiments. Pour Asma*, c’est de la peur. La jeune femme a été « prise au dépourvu » par cette victoire du RN aux européennes et pense à « tous ces droits qui seront menacés » si le RN remporte également les élections législatives. Pour Aurélie, 23 ans, c’est la honte qui domine, « cette montée de l’extrême droite est absolument honteuse pour notre pays ».
« En ce moment on manifeste un jour sur deux » nous confie Emma, étudiante en médecine. À Lyon, les manifestations ont lieu trois à quatre fois par semaine, à l’initiative de différentes organisations. L’objectif ? Pour Matéo, 24 ans, c’est « d’essayer de convaincre » les électeurs de faire barrage au RN lors des élections législatives, « la seule manière de s’en sortir » selon lui. De son côté, Emma est plus pragmatique, « on sait très bien que les électeurs du RN ne vont pas changer d’avis parce qu’on manifeste ».
Une mobilisation à l’extrême droite
Au contraire, les électeurs tendent plutôt à se rallier davantage à la cause du RN. Lors du premier tour des législatives qui s’est tenu dimanche dernier, le parti de Marine Le Pen et de Jordan Bardella a mobilisé 3 millions d’électeurs de plus qu’aux européennes, pour un total de 10 millions de voix. Lors du second tour, le 7 juillet prochain, le RN aura l’opportunité d’obtenir une majorité de députés à l’Assemblée, et de porter Jordan Bardella au poste de premier ministre.
Un dénouement qui inquiète les jeunes mobilisés à Lyon. Romane*, étudiante en arts, craint « de manière générale la haine envers les minorités, les personnes queer, les personnes non-Blanches, et les femmes ». Asma, d’origine comorienne, pense également aux Français binationaux, après que Jordan Bardella ait annoncé vouloir leur interdire l’accès à certains postes de la fonction publique. « C’est de la folie d’annoncer de telles choses, on se demande où on est », lâche la jeune femme.
Si les manifestations contre l’extrême droite mobilisent en majorité des jeunes, il existe également une jeunesse qui soutient le parti présidé par Bardella. Au premier tour des législatives, ils étaient 33% à voter pour le RN parmi les 18-24 ans. Pour les manifestants rencontrés à Lyon, l’explication de ce succès chez les jeunes n’est pas évidente. Matéo met en cause le « manque de politisation qui les pousse à voter pour des discours simplificateurs ». Mais pour d’autres, comme Romane, « il y a aussi des jeunes qui connaissent le programme du RN et qui votent en connaissance de cause ».
En attendant le second tour et les résultats définitifs, de nouvelles manifestations sont prévues à Lyon et ailleurs en France, pour « montrer qu’on ne baisse pas les bras » selon Emma. Le dénouement parviendra le soir du dimanche 7 juillet, avec la possibilité de voir l’extrême droite gagner le pouvoir par les urnes, une première historique en France. Et si le RN l’emporte, Emma nous confie que « même sa grand-mère a dit qu’elle irait dans la rue ».
*Les prénoms ont été changés