On aura beau multiplier les saillies de trottoir, construire des pistes cyclables protégées et tenter de construire des logements abordables et sociaux, la notion de « ville 15 minutes », c’est-à-dire une ville où tout est accessible à distance de marche ou en fonction d’un court déplacement en transport actif, ce modèle d’urbanisme « pourrait être difficile » à mettre en place à Montréal et ailleurs sur le continent.
Cette conclusion découle d’une étude menée par le Groupe de recherche en transport de l’Université McGill (TRAM) dont les résultats ont été publiés dans le Journal of Urban Mobility.
Dans l’étude en question, n’en déplaise à la mairesse de Montréal, Valérie Plante, et à sa formation politique, Projet Montréal, on s’appuie sur une analyse de données géospatiales et sur des habitudes de déplacements d’habitants de la métropole pour indiquer que « seule une mince proportion des ménages parviendrait à trouver le nécessaire pour répondre à tous ses besoins courants à 15 minutes de la maison » en s’appuyant sur la marche, le vélo, etc.
Bref, un mode de déplacement autre que la voiture et le transport collectif pour effectuer des emplettes, ou encore, selon la définition de « ville 15 minutes », à se rendre au travail.
« Notre étude remet en question l’idée d’une approche urbaniste unique, applicable dans tous les contextes », mentionne ainsi Ahmed El-Geneidy, professeur à l’École d’urbanisme de l’Université McGill, par voie de communiqué.
« Le concept de ville du quart d’heure gagne en popularité partout dans le monde. Toutefois, notre étude met l’accent sur l’importance de mettre en place des stratégies pertinentes à l’échelle locale, qui prennent en compte les besoins et les réalités des collectivités. »
Car l’étude ne met pas de l’avant l’idée que ce concept est impossible à mettre en place, ou qu’il est mal adapté aux conditions nord-américaines. Ce que les chercheurs avancent plutôt, c’est « la nécessité de concevoir des stratégie de durabilité urbaine tenant compte des habitudes de déplacement, mais aussi des caractéristiques des quartiers, de la dynamique des ménages et des questions de justice sociale ».
Bref, que cette idée de la « ville 15 minutes » soit adaptée aux réalités des quartiers où elle serait mise en place.
De fait, bien loin de rejeter les principes sous-jacent à cette perspective d’une ville accessible à l’aide de courts déplacements, les chercheurs estiment que si ceux-ci étaient implantés correctement, l’impact serait non seulement positif, mais aussi particulièrement important.
« Si plus de destinations essentielles étaient accessibles à moins de 30 minutes, cela améliorerait grandement la qualité de vie des gens », ajoute le Pr El-Geneidy, toujours par voie de communiqué. « Notre étude indique que, pour atteindre cet objectif, il faudrait adopter une approche multifacette, qui engloberait le transport en commun, le design urbain et la participation citoyenne. »