Dans la série « applications pratiques de l’intelligence artificielle », on vient peut-être d’en identifier une qui n’est pas si réjouissante: contribuer au déminage de l’Ukraine.
L’invasion russe a en effet laissé, sur environ le tiers du territoire, une quantité astronomique de mines. Le Courrier international rapportait ainsi en avril que les soldats russes avaient lancé ou planté ces mines, à la fois pour protéger leurs positions, mais aussi pour nuire à l’agriculture ukrainienne. Résultat, il s’est créé là-bas un « marché noir du déminage », ce qui n’empêche pas les démineurs d’être incapable de répondre à la demande. Un reportage de la CBC en parlait en mai comme du « plus gros champ de mines du monde ».
En théorie, lisait-on dès l’automne dernier, il serait possible de créer un modèle d’IA capable d’identifier les terrains les plus à risque, si on arrive à nourrir cette application d’une quantité énorme de données: les propriétés privées dont on sait qu’elles ont été occupées par les soldats russes, les terres agricoles, des images satellites pour détecter les cratères d’impact, les rapports des civils, des services d’urgence et des militaires ukrainiens, qui ont observé les chutes de « missiles » —puisqu’une mine n’est pas nécessairement enterrée « à la main », mais envoyée par un lance-roquettes qui peut se trouver à 15 km de là.
C’est ce que décrit dans le magazine de vulgarisation britannique The New Scientist Olena Pareniuk, qui travaille au sein du gouvernement ukrainien au développement d’un tel modèle d’IA et qui offre déjà des recommandations quant au déminage.
La question de la sécurité des habitants se pose, mais aussi celle des priorités: considérant le nombre énorme de terrains à déminer, les premiers ciblés sont ceux suffisamment loin du front pour être réutilisables à des fins agricoles. L’Ukraine est un gros exportateur de produits alimentaires, de sorte qu’elle a besoin de ces revenus pour relancer son économie… ce qui explique aussi que l’envahisseur ait ciblé autant de terres agricoles avec ses mines.