Joseph Rouleau a marqué le monde de l’opéra québécois, mais aussi à l’échelle mondiale. Originaire de Matane, il consacra sa vie à l’art lyrique, devenant au passage un chanteur d’opéra de renommée mondiale, mais aussi en sacrifiant sa carrière personnelle au profit du développement de l’opéra au Québec. Cinq ans après son décès, l’Orchestre classique de Montréal lui rendait hommage à la Maison symphonique.
L’histoire d’amour de Joseph Rouleau avec l’art lyrique débuta lorsque le pianiste et chef d’orchestre québécois Wilfried Pelletier nota un fort potentiel de chanteur chez celui qui était alors un adolescent.
Le jeune artiste suivra alors une formation de basse au Conservatoire de musique du Québec, à Montréal, dont il faut le premier – et possiblement le plus célèbre – étudiant en chant, en 1949.
Joseph Rouleau incarna tous les plus beaux rôles du répertoire de basse : rois, hommes sages ou âgés, drôles ou terribles, aux côtés des meilleurs chanteurs. Mais son attachement au Québec fit qu’il développa ici le goût et l’enseignement de l’opéra.
Ancien président du conseil d’administration de l’OCM et des Jeunesses musicales du Canada, cofondateur du Concours musical international de Montréal, il enseigna – entre autres choses – le chant à l’UQAM et consacra sa vie à l’opéra.
L’hommage rendu mardi était un véritable plaisir musical, grâce à l’orchestre dirigé par Jacques Lacombe et à quatre solistes qui, en l’absence des décors traditionnels du théâtre, accompagnaient quand même leurs chants des attitudes liées à leurs personnages.
Ce fut un panorama de quelques-uns des plus morceaux les plus connus, allant de Mozart à Jacques Offenbach, en passant par Verdi, Bizet, Delibes et même Félix Leclerc, puisque Joseph Rouleau avait enregistré un album de l’artiste québécois en version symphonique.
L’un des moments les plus émouvants fut sans doute le duo de Lakmé par la mezzo-soprano Mireille Lebel et l’étonnante soprano Aline Kutan. Du côté des hommes, le ténor Éric Laporte fut particulièrement brillant dans l’extrait Va pour Kleinzach des Contes d’Hoffmann de Jacques Offenbach (pour lequel le chef Jacques Lacombe lui donna brièvement la réplique), et le baryton-basse Philippe Sly dans les morceaux célèbres du Don Giovanni de Mozart qui ouvrirent la soirée. Un final des quatre chanteurs simultanés, pour deux morceaux célèbres de Félix Leclerc, emporta l’enthousiasme du public dans la belle salle de la Maison symphonique.
Une vie à l’opéra : hommage à Joseph Rouleau
Artistes : Aline Kutan, soprano; Mireille Lebel, mezzo-soprano; Éric Laporte, ténor; Philippe Sly, baryton-basse; Jacques Lacombe, chef; Élisabeth St-Gelais, soprano (pré-concert) et Louise Pelletier, piano
Extraits de:
Mozart: Le Nozze di Figaro, Don Giovanni
G. Verdi: Aïda, La Traviata, Rigoletto, Don Carlos
G. Bizet : Carmen
L. Delibes : Lakmé
J. Offenbach : Les Contes d’Hoffmann
F. Leclerc : Chansons