Après des mois de destruction, d’offensives et de bombardements qui ont fait des dizaines de milliers de morts chez les Palestiniens, y compris des milliers d’enfants, un peu moins de la moitié des Israéliens interrogés dans le cadre d’une vaste enquête estiment que l’attaque de l’État hébreu contre le Hamas, dans la bande de Gaza, « correspond aux attentes ».
Le grand coup de sonde réalisé par le Pew Research Center, en mars en au début du mois d’avril, révèle aussi qu’environ 20% de la population consultée croit que la riposte aux attaques du Hamas, le 7 octobre, « est allée trop loin ».
À l’opposé, environ le tiers des répondants (34%) croit que les opérations de Tsahal, le surnom des forces armées israélienne, « ne sont pas allées assez loin ».
De plus, un peu moins de la moitié des participants croient qu’Israël « atteindra certainement » ses objectifs dans la bande de Gaza, soit « la destruction du Hamas » et le « retour des otages » enlevés le 7 octobre – ils seraient encore une centaine aux mains du groupe terroriste, plus de 250 jours après le début de la flambée de violences actuelle.
Le tiers des répondants jugent de leur côté que les efforts de l’État hébreu seront « probablement » couronnés de succès, contre seulement 13% qui jugent que la campagne militaire « échouera probablement », et 6% à peine qui croient que cette même campagne « échouera certainement ».
La crainte de l’embrasement
Plus tôt, durant le printemps, les participants à l’étude disaient déjà craindre que le conflit s’étende au-delà des frontières d’Israël et de Gaza, soit possiblement au Liban, où le Hezbollah, un groupe allié du Hamas, échange déjà régulièrement des tirs avec l’armée israélienne, en plus de lancer fréquemment des roquettes vers des villages israéliens situés près de la frontière.
Un tel embrasement pourrait mener l’État hébreu à devoir déployer ses forces sur un nouveau front, contre un ennemi nombreux et bien équipé. Et ce jeu de l’escalade pourrait aussi impliquer des joueurs régionaux ou internationaux de plus grande importance, comme l’Égypte, l’Iran, ou même encore les États-Unis.
Ainsi, 61% des participants à l’étude du Pew Research Center se disent « extrêmement » ou « particulièrement » inquiétés à propos d’un risque de débordement de la guerre à d’autres pays du Moyen-Orient, une région du monde déjà particulièrement instable.
De plus, 68% des personnes interrogées sont « particulièrement », voire « extrêmement » inquiètes à propos de la perspective d’un conflit qui perdure.
Malgré ces craintes, 4 Israéliens sur 10 sont convaincus d’une chose: l’État hébreu devrait gouverner la bande de Gaza. À l’opposé, à peine 14% croient que les résidents de cette langue de terre devraient décider par eux-mêmes, tandis que 6% jugent que l’Autorité palestinienne devrait diriger un gouvernement d’unité nationale sous la présidence de Mahmoud Abbas. Cette option obtient la faveur de 12% des participants dans le cas où un autre dirigeant que M. Abbas serait à la tête de ce gouvernement.
Dissensions internes
Au sein même de la population israélienne, il existe de profonds désaccords entre juifs et Arabes: ainsi, 76% des premiers croient qu’Israël atteindra ses objectifs dans le cadre de la guerre, contre à peine 38% des arabes.
Les trois quarts de ces derniers croient par ailleurs que l’État hébreu est allé trop loin dans sa riposte aux attaques du 7 octobre, contre à peine 4% des juifs.
Les avis sont tout aussi opposés à propos de la réaction américaine face au conflit – l’enquête a été effectuée avant que la Maison-Blanche n’adopte une position plus ferme face à son allié israélien: 90% des juifs ont ainsi un avis favorable des États-Unis, contre seulement 29% des Arabes.
Cela dit, les deux populations se rejoignent dans leur rejet de l’attitude du chef d’État américain: à peine 46% des juifs approuvent la gestion du conflit par Joe Biden; cette proportion chute à seulement 12% chez les Arabes, indiquent encore les données du Pew Research Center.