L’Observatoire d’astrophysique Rothney, situé dans les contreforts des Rocheuses, est né de la volonté de l’Université de Calgary et de son département de physique de soutenir, au début des années 1970, le programme naissant d’études d’astrophysique. 50 ans plus tard, il maintient le cap et permet aux étudiants d’obtenir une formation avancée et de faire de la recherche, en plus d’être une installation servant à la sensibilisation du public.
À 75 km au sud-ouest de Calgary, l’observatoire doit son nom à un donateur de la première heure, un riche éleveur de bétail, Alexander Rothney Cross. L’installation initiale —un télescope de 41 centimètres et son dôme, une paire de roulottes servant de salle de classe et d’espace de travail— s’est enrichie de trois télescopes, le plus gros, inauguré en 1987, étant de 1,5 mètre, de nouvelles installations et de divers instruments. Aujourd’hui, il s’agit de l’une des installations d’enseignement astronomique les mieux équipées au Canada. Les dernières modernisations permettent aux télescopes d’être entièrement commandés par Internet.
Le directeur de l’observatoire, Philip Langill, qui est professeur agrégé en astrophysique et en astronomie à l’Université de Calgary, raconte que les recherches effectuées avec ces télescopes portent, entre autres, sur les lentilles gravitationnelles, les astéroïdes, les comètes et les étoiles variables. Un programme de recherche de planètes mineures a même permis des découvertes de comètes.
Quant aux exoplanètes, Philip Langill explique que les chercheurs s’y intéressent depuis une dizaine d’années. Ils utilisent l’une des principales méthodes de détection des exoplanètes, la méthode du transit: celle-ci repose sur la mesure des faibles variations de la luminosité d’une étoile lorsqu’une planète passe devant elle. Autrement dit, une diminution de la luminosité de l’étoile révèle l’existence de l’exoplanète.
Un appareil qui pourrait aider à découvrir d’autres mondes
Le télescope de 1,5 m de l’Observatoire Rothney, qui est spécialisé dans l’imagerie infrarouge et qui sert à l’étude des étoiles et des nébuleuses, pourrait être utile pour la découverte des exoplanètes: un télescope qui observe la lumière infrarouge peut observer, en théorie, le rayonnement de l’exoplanète.
Toutefois, Langill spécifie qu’il n’y a pas eu de découvertes d’exoplanètes à son observatoire. Les chercheurs se concentrent chaque année sur l’étude du comportement de deux à trois exoplanètes nouvellement découvertes ailleurs dans le monde.
Le volet formation de la mission, à l’origine de l’observatoire, anime toujours le professeur d’astronomie : « c’est un challenge pour nos étudiants de l’Université de Calgary d’observer des exoplanètes dès le début de leur baccalauréat en astronomie ». Preuve à l’appui, l’étudiant Éric Hess nous montre fièrement comment il s’y prend pour faire ce qu’on appelle des courbes de transit d’exoplanètes —les variations de la luminosité de l’étoile— avec l’équipement mis à sa disposition.
Il faut savoir qu’à la différence de Toronto, qui a dû fermer le plus grand observatoire au Canada à cause de la pollution lumineuse (voir ce texte), l’Observatoire d’astrophysique Rothney, tout comme la communauté rurale autour, travaillent à protéger le ciel sombre par des rencontres de concertation entre l’université et les résidents locaux.
C’est en plus du fait que dame nature peut se faire contrariante dans l’Ouest comme dans l’Est canadien. Le phénomène atmosphérique de vents forts appelé le Chinook, peut perturber la qualité du ciel, tandis qu’à l’Observatoire du Mont-Mégantic, ce sont des nuages qui peuvent coller au sommet, appelé « l’effet Mégantic ».
Dans un rapport publié à l’occasion du 50e anniversaire de l’Observatoire Rothney, on pouvait lire que, en dépit du fait que l’observatoire « s’efforce de découvrir de nouvelles choses grâce à sa fabuleuse gamme de télescopes et de détecteurs, sa plus grande contribution consiste à s’associer à d’autres groupes de recherche pour vérifier et confirmer les découvertes en astronomie». Un rappel du fait que l’exploration de nouveaux mondes ne peut pas être l’affaire d’un seul observatoire, ni même d’un seul pays.