Lancé en relative grande pompe sur Netflix, au cours des derniers jours, Atlas est un ramassis d’idées de science-fiction tant remâchées, au fil des décennies, qu’il n’en reste plus qu’une pâte informe. On y incorpore le jeu d’une actrice qui n’a jamais vraiment eu de talent pour le septième art, sauf exception, et on obtient un film voué au pire sort qui soit: non pas d’être médiocre, mais d’être si dévoué d’originalité qu’on l’oubliera tout naturellement.
Dans un avenir relativement proche, l’humanité développe des robots intelligents. Mal nous en prend, puisque ceux-ci finissent par se révolter et déclenchent une guerre visant l’extermination de la race humaine. Devant la riposte humaine, le chef des robots, dénommé Harlan, prend la fuite. Et une trentaine d’années plus tard, Atlas, celle dont la mère avait justement créé Harlan, se joindra à une mission visant à capturer ce dangereux personnage.
Atlas, une analyste terrifiée par l’intelligence artificielle jouée par une Jennifer Lopez sur le pilote automatique, débarquera donc sur une lointaine planète avec un groupe de soldats évoquant une version en rabais des marines d’Aliens, sergent noir y compris. Mais tout part en vrille et lesdits soldats seront massacrés par les forces de Harlan (surprise!), forçant Atlas à se débrouiller seule.
Enfin, seule… Elle devra faire équipe avec l’IA se trouvant dans le robot qui lui sert de véhicule et de moyen de protection contre les conditions environnementales mortelles de cette exoplanète. Et comme on peut s’y attendre, le personnage de Mme Lopez devra apprendre à se fier à cette intelligence artificielle qui ne veut apparemment que son bien.
Les véritables amis sont-ils finalement les robots que nous rencontrons en chemin? Les rebondissements scénaristiques sont si convenus, dans Atlas, qu’il nous prend parfois envie de se cogner la tête sur les murs. Bien entendu que notre héroïne apprendra à se fier au robot. Bien sûr que ledit robot se sacrifiera, vers la fin du film, pour assurer la survie du personnage principal. Bien entendu qu’Harlan se sent investi d’une mission pour « sauver » l’humanité. Bien entendu que ce sauvetage passe par l’extermination quasi totale des humains pour reconstruire la civilisation à « son » image, sous contrôle des robots. Bien entendu que Leo Sardarian et Aron Eli Coleilte, les deux coscénaristes du film, étaient clairement en vacances lorsqu’est venu le temps d’écrire le script.
Les absurdités sont légion… On n’en fera pas la liste exhaustive – il y a une limite à se faire souffrir, même pour informer le public –, mais saluons l’idée qu’au lieu de profiter du fait qu’il dispose d’un vaisseau spatial capable non seulement de voyager plus vite que la vitesse de la lumière, mais aussi de rejoindre rapidement une autre galaxie, et donc qu’il est possible d’aller vivre sa vie de robot n’importe où, sur l’une des milliards de planètes qui doivent exister ailleurs, il est impératif qu’Harlan donne suite à son complexe messianique et revienne se venger.
Avec un budget de 100 millions de dollars, Atlas a quelques bons moments, notamment une scène de bataille en quasi orbite, au début du film, où les forces d’Harlan ne font qu’une bouchée des humains. Pour le reste, la cinématographie est complètement générique, et certains effets spéciaux font même franchement peine à voir.
Mais plutôt qu’être médiocre, ou même être tellement horrible qu’il en devient bon, Atlas est seulement (très) mauvais. Un film qui sera vu des centaines de milliers, voire des millions de fois, seulement parce que Netflix le recommande en lançant le service. Quand seule la force du nombre, le poids technologique d’un géant, peut justifier un tel gâchis, il y a de quoi véritablement souhaiter l’apocalypse robotique…