On savait les corbeaux très intelligents, ils continuent d’étonner. En Allemagne, des chercheurs en ont entraîné trois à pousser un nombre précis de cris correspondant à un chiffre qui apparaissait à l’écran — entre 1 et 4.
Autrement dit, le corbeau avait appris que le symbole « 3 » (ou un son spécifique) signifiait qu’il devait pousser trois croassements. Après quoi, il devait toucher l’écran avec son bec pour signifier que sa « tâche » était terminée — et s’il avait réussi, il avait droit à une récompense.
Ça semble simple, mais ça implique pourtant du calcul mental: il faut que le corbeau ait compris qu’il devait pousser deux ou trois ou quatre croassements, et qu’au fur et à mesure, il fallait qu’il les compte — l’équivalent d’un enfant qui compte sur ses doigts.
Les mathématiques ne sont peut-être pas très utiles dans la nature, mais ce qui intéresse les biologistes, c’est de mieux comprendre comment cette capacité à calculer est venue à nos lointains ancêtres. En effet, aussi différent que puissent être les corbeaux et les humains, il reste qu’il s’agit là d’une « habileté » qui a dû émerger à un moment donné, dans les deux cerveaux. Et qui pourrait donc, en théorie, relever des mêmes mécanismes neuronaux. Chez les humains, cette habileté à compter a nécessairement précédé de plusieurs millénaires, voire de dizaines de milliers d’années, l’invention de symboles pour désigner des chiffres.
Après la période d’apprentissage, les trois corbeaux avaient les bonnes réponses « la plupart du temps », écrivent les chercheurs de l’Université de Tübingen dans leur étude, parue le 23 mai dans la revue Science. Un taux de succès trop élevé pour qu’on puisse parler de hasard.