La ville la plus peuplée d’Amérique du nord pourrait se retrouver sans eau dans ses robinets en plein été. Mexico et ses 22 millions d’habitants s’approchent en effet du stade appelée « jour zéro », qui désigne le moment où l’alimentation en eau est coupée dans les résidences, les bureaux et les commerces, l’unique exception étant les hôpitaux.
Si ce scénario du pire se produit, les résidents devront aller chercher une quantité d’eau pré-déterminée chaque jour, dans des centres de distribution de la municipalité.
La cause première est un déficit de pluie qui s’étire depuis maintenant des années, et à cause duquel le réservoir qui alimente la métropole risque d’être à sec à la fin-juin. Le système d’alimentation en eau n’opère plus qu’à 28% de ses capacités, selon les dernières estimations (contre 38% au même moment l’an dernier et 45% en 2022). Déjà, la crise a amené la ville à puiser davantage dans l’aquifère que ce qu’il peut renouveler —une situation qui était dénoncée dès 2017 et qui, en plus, accélère l’affaissement des sols. Et déjà, depuis l’an dernier, des quartiers souffrent davantage que d’autres du manque d’eau.
Ce n’est pas la première métropole qui fait face à cette crise.
- São Paulo, au Brésil est venue tout près, en 2014-2015, de devoir couper l’eau : les restrictions imposées à ses 20 millions d’habitants ont permis d’éviter le pire, ou du moins de le retarder.
- Le Cap et ses 4 millions d’habitants, en Afrique du Sud, ont eux aussi entrevu leur « jour zéro » en 2018 et avaient commencé des rationnements; une réduction de la consommation d’eau qui avait atteint 57% à la fin du premier trimestres avait permis de repousser l’échéance, jusqu’à ce que la saison des pluies arrive, en juin.
- Le mois dernier, 9 millions d’habitants de Bogotá, capitale de la Colombie, se sont vu imposer des coupures d’eau de 24 heures, tous les 10 jours, au moins jusqu’en juin.
Comme l’expérience sud-africaine le démontre, une prise de conscience peut être une bonne chose: obliger l’administration municipale à investir pour mieux traiter les eaux usées ou pour diminuer les fuites, est devenu incontournable, dans des métropoles où la consommation d’eau dépasse de loin ce qui est renouvelable.
Mais toutes les villes n’ont pas les mêmes capacités financières à s’adapter, et c’est un problème voué à grossir dans les prochaines années, si les sécheresses se multiplient. En plus du fait que les autorités politiques ont parfois tendance à regarder ailleurs : en février dernier, le maire par interim de Mexico niait l’existence d’une crise. Et c’est sans compter qu’une sécheresse signifie que davantage d’eau est pompée dans les réserves pour satisfaire les terres agricoles.
Dans l’immédiat, d’ici la fin-juin, le mieux que Mexico espère, c’est qu’il pleuve. À plus long terme, qu’une prise de conscience similaire à celle des sud-africains permette de retarder l’échéance.