Quoi, un autre jeu de tower defense? Mais avec des éléments de roguelite et de jeux de société? Yichi, le développeur solo de Split Second Games, propose une expérience franchement originale qui attirera l’attention des amateurs du genre. Bienvenue dans Hexguardian.
Sauriez-vous défendre votre château? Si oui, pendant combien de temps? Des soldats ennemis circulant à pied aux dirigeables, en passant par les navires, ou même le roi à cheval, vos adversaires se multiplieront comme de la mauvaise herbe, et chaque fois, le joueur passera un peu plus près de la défaite… jusqu’à ce que l’inévitable se produise.
Comme dans d’autres titres du genre, on débloquera progressivement des améliorations, de nouvelles structures, etc.
Là où les choses sont différentes, c’est dans la façon de déverrouiller ces avantages: en survivant pendant un certain nombre de « journées », dans un niveau, les joueurs obtiennent un certain nombre de points, points qui peuvent déverrouiller des bâtiments, des avantages, et ainsi de suite, à l’instar d’un arbre technologique dans un jeu de grande stratégie.
Et alors que la plupart des titres de tower defense se concentrent largement sur les bâtiments, Hexguardian propose de construire des installations qui génèrent automatiquement des unités, unités que l’on pourra positionner à certains endroits du niveau pour attaquer les ennemis au passage, voire carrément bloquer leur chemin pour ralentir leur progression. Du même coup, le jeu adopte une touche de stratégie. Rien de très complexe, certes, mais on apprécie cette liberté.
Là où les choses se corsent – dans le bon sens –, c’est que le titre du jeu est associé à l’une des dimensions les plus importantes du titre. Il faudra en effet non seulement défendre notre château, mais aussi construire le niveau, pièce par pièce, à l’aide de morceaux hexagonaux. Ce faisant, on évoque non seulement les jeux de société comme Carcassonne, ou encore Catan, entre autres, mais on nous fait prendre conscience qu’il est possible d’avoir un impact direct sur ces satanés méchants qui veulent notre porte.
Car, voyez-vous, ces ennemis proviennent de deux types de portails: terrestres et maritimes. Et chaque pièce de terrain gagnée en tuant des adversaires va permettre qui de prolonger le chemin emprunté par ces malotrus, augmentant d’autant la distance disponible pour les occire, qui de carrément couper ledit chemin, un geste particulièrement satisfaisant lorsqu’il survient avant une vague, faisant disparaître d’un coup ce détachement sanguinaire.
La troisième possibilité, c’est que la tuile supplémentaire comporte des maisons, plus ou moins développées, qui fourniront un certain nombre de pièces d’or par minute. Et comme c’est cet or qui permet d’acheter et d’améliorer nos défenses… Ne dit-on pas que l’argent est le nerf de la guerre?
À la merci du hasard
Et donc, Hexguardian devient un jeu de planification avancée, oui, mais qui repose également sur le hasard. On ne sait jamais quelle tuile il sera possible de placer. Ne va-t-on pas simplement créer plus de problèmes? Ou pourra-t-on enfin clore l’un de ces maudits portails, mais sans pouvoir alors profiter d’éventuelles tuiles fournies par cette vague d’ennemis que l’on fait disparaître d’un coup?
Plus les jours passent, plus la tension monte, d’autant plus que le nombre d’emplacements disponibles pour construire des bâtiments est limité. Et c’est peut-être là que le jeu devient trop difficile pour son propre bien. Autant on peut rattraper d’éventuelles erreurs, au cours des premiers jours, autant il devient rapidement nécessaire de savoir exactement ce qu’il faut faire. Le hic, c’est que tout est lié au hasard.
Oui, il est possible de s’assurer que certains bâtiments et unités soient toujours accessibles, peu importe le niveau. Mais on ne saura jamais ce dont le terrain aura l’air, en fonction des tuiles récoltées. D’où une certaine frustration, généralement vers la 10e journée, où nos défenses ne servent soudainement plus à rien.
De fait, on tâchera malgré tout de progresser, de déverrouiller toujours plus de bâtiments, d’unités, de sorts – car oui, nous pouvons éventuellement lancer des sorts… –, et le but est forcément là: donner envie aux joueurs d’y retourner. En ce sens, Hexguardian est très réussi, d’autant plus que le contraste entre l’esthétique enfantine évoquant les Playmobils et le chaos qui se répand rapidement aux alentours de notre château est franchement accrocheur.
Jeu créant aisément une dépendance, jeu très réussi, mais aussi jeu entraînant sa dose de frustration, Hexguardian est une déclinaison franchement intéressante du tower defense qui saura se déguster en petites, ou encore en grosses doses.
Hexguardian
Développeur: Split Second Games
Éditeur: Yogscast Games
Plateforme: Windows (testé sur Steam)
Jeu disponible en français (interface et sous-titres)