Qu’obtient-on en mélangeant un jeu d’exploration et de créatures magiques à un besoin de faire croître notre usine de façon exponentielle? On se retrouve avec Oddspark: An Automation Adventure, un jeu présentement en accès anticipé développé par Massive Miniteam.
Dans un petit village isolé, quelque part près d’une forêt et de montagnes menaçantes, un jeune individu découvre une façon de « réveiller » un ensemble de vieilles technologies oubliées depuis belle lurette. Mais pour se protéger d’une menace imminente, il faudra pourtant réapprendre à faire fonctionner ces usines, machines et autres installations.
C’est ici que l’aspect « magique » entre en ligne de compte. Dans un environnement idyllique, magnifiquement illustré et porté à l’écran, notre personnage devra apprendre à jongler avec divers « sparks », de petits êtres sylvestres qui ressemblent à s’y méprendre aux pikmins de la série de jeux du même nom. Ces sparks vous aideront à récolter des ressources, mais aussi à attaquer certains monstres, ou encore à transporter des produits d’un endroit à un autre, voire même à faire fonctionner des machines automatiquement.
Car non, il ne suffit pas de gambader dans la forêt pour trouver son bonheur: bien rapidement, il sera nécessaire de développer des chaînes logistiques: une trancheuse fournira des bûches, qui seront transformées en poutres, puis en panneaux de bois, etc.
Et pour complexifier les choses, il existe plusieurs types de sparks, dont certains nécessiteront des genres moins « avancés » de leurs congénères pour leur fabrication.
Les amateurs de jeux de gestion du style Factorio, Satisfactory, Foundry et les autres se retrouveront ainsi en terrain connu. Il ne faudra pas trop de temps, d’ailleurs, pour se retrouver devant la nécessité d’optimiser nos processus de fabrication, de transport, etc. Avec des réalités tout à fait concrètes comme des embouteillages de sparks qui veulent tous transporter leur part de matériaux, et qui finiront par se télescoper s’ils sont trop nombreux sur un seul « circuit », entre autres situations.
Il faut l’avouer, cette idée de faire varier ce qui est en fait des entités robotiques est intéressante. D’autant plus que dans le contenu auquel ce journaliste a pu avoir accès, certains autres aspects des jeux de gestion d’usine, comme l’alimentation électrique, ont été relégués à l’arrière-plan, quand ils n’ont pas carrément été retirés. Peut-être pour offrir une expérience plus détendue, moins machinale, moins cérébrale?
Cela étant dit, le jeu pèche aussi par la (très grande) durée de ce qui ressemble à un tutoriel. Dans notre village, de nombreux résidents offrent tour à tour des quêtes, qui consistent habituellement à livrer une quantité précise de matériaux, des sparks spécifiques… Et c’est là que ce journaliste a cessé de vouloir progresser dans le jeu. Dans Factorio, l’objectif « ultime » est clair: construire une fusée et quitter cette planète sur laquelle nous nous sommes écrasé. Et l’écran de recherche nous indique, du début à la fin, les étapes qu’il faut franchir. Tout est coulé dans le béton.
Dans Oddsparks, à l’exception de l’étape suivante, on ignore ce que l’on devra accomplir, par la suite. Et impossible de savoir quel est l’objectif que l’on souhaite atteindre, ultimement. Empêcher l’apocalypse? C’est vague… En attendant, on a l’impression de jouer au livreur, condamné à produire toujours plus pour atteindre un but nébuleux. Il s’agit peut-être d’une belle métaphore du capitalisme, après tout!
Bref, Oddsparks: An Automation Adventure, s’il propose quelques aspects originaux et se décline sous une bien jolie forme, est un jeu qui semble incomplet. Normal, sans doute, pour un titre en accès anticipé, mais il n’en reste pas moins qu’on finit par se demander pourquoi on tourne en rond, en fabriquant toujours plus d’objets et en complexifiant nos chaînes d’approvisionnement.
Oddsparks: An Automation Adventure (en accès anticipé)
Développeur: Massive Miniteam
Éditeur: HandyGames
Plateforme: Windows (testé sur Steam)
Jeu disponible en français (interface et sous-titres)