Dans la série « les hypothèses fascinantes, mais impossibles à prouver »: des astronomes ont identifié une soixantaine d’étoiles qui pourraient être entourées par une sphère de Dyson, une gigantesque structure artificielle.
Les deux équipes d’astronomes, en Suède et en Italie, qui ont publié leurs résultats respectifs sur la plateforme de prépublication ArXiv, s’empressent d’ajouter qu’on ne peut pas, pour l’instant, écarter des hypothèses plus prosaïques pour expliquer les bizarreries de cette soixantaine d’étoiles.
Le concept de « sphère de Dyson » provient d’un raisonnement en apparence logique: si on présume que toute civilisation technologiquement (très) avancée a besoin de plus en plus d’énergie pour répondre à ses besoins, arrive un moment où des panneaux solaires sur la planète ne suffisent plus. La meilleure façon de recueillir chaque photon d’énergie solaire est d’entourer son étoile d’une sphère de panneaux solaires : c’est ainsi que le physicien et mathématicien Freeman Dyson avait évoqué, en 1960, ce qu’on en est venu à appeler la sphère de Dyson. Lui-même a reconnu en avoir eu l’inspiration dans un roman de science-fiction, Créateur d’étoiles, paru en 1937.
Le concept a un avantage pour les chasseurs de civilisations extraterrestres: en théorie, on pourrait détecter à de grandes distances une étoile entourée d’une telle sphère, à cause du rayonnement infrarouge que générerait cette « construction », chauffée en permanence de « l’intérieur ».
Le concept a toutefois été abondamment critiqué: pour les contraintes mécaniques qui rendraient impossibles une « coquille » trop rigide, pour l’énergie nécessaire à sa fabrication, pour le réalisme d’une entreprise dont la construction s’étalerait sur au moins 800 ans, selon Dyson.
Mais l’idée fait suffisamment rêver pour que ces deux équipes d’astronomes aient choisi de combiner les données du satellite européen Gaia — qui cartographie des milliards d’étoiles de notre galaxie — avec les données de diverses observations du ciel dans l’infrarouge. Sur 5 millions d’étoiles communes à ces bases de données, ils en ont retenu 60 dont « l’excès » d’infrarouge ne pourrait pas s’expliquer par des phénomènes naturels, disent-ils dans leurs articles respectifs: il s’agit de 7 naines rouges situées à moins de 900 années-lumière de la Terre, et de 53 étoiles plus larges, dont certaines de taille similaire à notre Soleil, situées à moins de 6500 années-lumière.
L’étape suivante pourrait être le télescope spatial James-Webb, en théorie capable de déterminer si cette signature infrarouge provient d’une coquille solide ou, par exemple, d’un énorme nuage de débris rocheux, représentant une planète en cours de formation.