Ce n’est pas parce que sa feuille de route est parsemée de taches d’encre rouge, avec ici et là un excellent long-métrage noyé dans une mer de productions moyennes, voire horribles, que Guy Ritchie va s’empêcher de tourner. Rebelote, donc, avec The Ministry of Ungentlemanly Warfare, un film d’action s’appuyant sur Henry Cavill et une sacrée pilosité faciale.
Peu de temps après l’entrée en guerre des États-Unis aux côtés des Alliés, durant la Deuxième Guerre mondiale, le premier ministre britannique Winston Churchill donne le feu vert à une opération spéciale pour torpiller l’activité des sous-marins allemands dans l’Atlantique.
Ce faisant, il serait alors possible de non seulement faire livrer les ressources dont le Royaume-Uni a besoin pour survivre, mais aussi de transporter des troupes américaines pour ouvrir un deuxième front en Europe.
Voilà donc cinq compagnons lancés à l’aventure, sous la gouverne de Cavill et d’une fantastique moustache semblant provenir tout droit du 19e siècle… Ou semblant appartenir à Hercule Poirot dans les aventures écrites par Agatha Christie, c’est selon.
Sur le fond, il s’agit d’un film d’action se déroulant durant la Deuxième Guerre, comme il en existe des dizaines, voire des centaines. Avec explosions, fusillades et méchants nazis à la clé.
En fait, la chose fonctionne presque. Avec un accent sur le mot « presque », ici. Car Ritchie, qui cosigne le scénario avec trois autres personnes, tombe dans ses mauvais travers habituels. Non seulement nos personnages n’ont-ils que peu ou pas de charisme entre eux, ils sont aussi largement unidimensionnels. Cela vaut d’abord pour Cavill, qui suscite un peu l’intérêt par sa tendance à approcher les diverses situations de façon décontractée, voire rigolote, mais qui n’a rien de plus à offrir.
Quant à ses compagnons, nous avons les clichés habituels: la grosse brute, le passionné des explosifs, l’ami de longue date… Sans oublier la femme aussi sexy que dangereuse qui devra séduire le grand méchant, bien entendu.
Mais tout cela tombe largement à plat, entre autres parce que les séquences d’action, sympathiques au demeurant, sont trop largement espacées, y compris avec l’insertion de dialogues statiques où nos personnages vont arrêter ce qu’ils font pour discuter des prochaines étapes. On aurait largement préféré un rythme plus soutenu, surtout que le film s’articule autour d’un temps limite pour accomplir la mission secrète en question. Et comme ladite mission est une version très largement exagérée (et absurde) des véritables événements, au diable les conventions, offrez-nous du divertissement!
En fait, pour que The Ministry of Ungentlemanly Warfare fonctionne, il aurait fallu en faire un Inglorious Basterds, dont le scénario et les personnages (y compris le grand méchant, joué par Christoph Waltz) sont à des années-lumière de ce que Ritchie semble être capable d’imaginer. Et donc, ce nouveau film est malheureusement passable, sans plus.