La désinformation en santé fait des ravages… mais paradoxalement, les médecins demeurent la source en laquelle les gens ont le plus confiance.
Aux États-Unis, une personne sur cinq (20%) croyait, en 2023, que les vaccins contre la COVID ont tué plus que la COVID (ce qui est faux), une personne sur quatre (24%) croyait que le vaccin contre la rougeole cause l’autisme (ce qui est toujours faux, un quart de siècle plus tard), et une personne sur trois (31%) croyait que l’ivermectine était efficace contre la COVID (ce qui s’est avéré faux). L’étude a été menée par la Fondation Kaiser Family, un organisme à but non lucratif, dans le cadre de leur sondage de suivi sur la désinformation en santé réalisé en 2023.
L’enquête a été menée auprès d’un peu plus de 2000 personnes. Le sondage contenait aussi, à des fins de comparaison, des questions sur de fausses informations à propos des armes à feu et de la santé reproductive. Il fait l’objet d’un article récent sur le site du Journal de l’Association médicale américaine.
Les fausses croyances sont plus fortes chez ceux qui s’informent prioritairement par les réseaux sociaux, et plus fortes chez les républicains que chez les démocrates. En revanche, sur la question de la confiance à l’égard des médecins, 95% des démocrates et 95% des républicains rapportent avoir confiance dans les recommandations sur la santé que leur fait leur médecin.
C’est dès qu’on sort du bureau du médecin que ça se dégrade: 87% des démocrates ont déclaré avoir confiance dans le Centre de contrôle et de prévention des maladies (CDC), contre seulement 49% des républicains. Le CDC est l’agence qui, aux États-Unis, effectue depuis 1946 un suivi de l’évolution des maladies et de la santé publique.
Le bon côté des choses est que, puisque 96% des personnes interrogées avaient entendu une des 10 affirmations fausses qui leur ont été soumises dans le cadre de cette enquête, cela veut donc dire que la majorité n’y croyait pas.
Ces constats rappellent l’importance d’investir dans l’information sur la santé publique, mais surtout, commentent des experts en santé publique dans le journal USA Today, l’importance d’apprendre aux gens à s’interroger sur la source de l’information qu’ils consultent et de s’interroger plus souvent sur la différence entre une erreur qui a pu être commise de bonne foi et un mensonge délibéré: beaucoup de gens basent par exemple leur méfiance à l’égard du CDC sur un seul avis prématuré publié au début de la pandémie, sur les masques ou sur la transmission par aérosols.
Autre paradoxe: d’une part, les gens qui utilisent fréquemment les réseaux sociaux pour chercher de l’information en santé sont les plus susceptibles de croire à de fausses informations; mais d’autre part, très peu de gens disent avoir confiance dans l’information en santé qui leur est donnée sur les réseaux sociaux. Dans le cas des deux plateformes les plus souvent citées, seulement 8% ont confiance en YouTube, et seulement 5% en Facebook.