Le Japon féodal: une terre mystérieuse, aussi magnifique que dangereuse… Et lorsqu’un navigateur anglais débarque sur les côtes japonaises, dans le but non avoué d’y combattre les Portugais catholiques, les choses risquent de mal tourner.
Adaptée du roman de James Clavell du même nom, publié en 1975, Shogun, dans sa nouvelle déclinaison – après une première minisérie en 1980 –, permet d’offrir un aperçu particulièrement réaliste du Japon de l’an 1600, un pays sur le bord de la guerre civile, qui représentait alors une société probablement aussi éloignée qu’il était possible de l’être du Vieux Continent.
En 10 épisodes, on nous présente donc l’histoire de ce navigateur, John Blackthorne, généralement débrouillard, mais qui est ici complètement pris par surprise, sans aucune connaissance de la langue locale, et encore moins des complexes us et coutumes.
À cela s’ajouteront Dame Mariko, une jeune femme pleine de ressources capable de parler portugais (et donc de traduire au bénéfice de Blackthorne), mais sur qui pèse la honte d’être la fille d’un traître, et le seigneur Toranaga, un puissant politicien qui n’hésite pas à sacrifier des vies pour faire avancer sa cause.
Si l’histoire de Shogun tient de la fiction, Clavell s’est malgré tout inspiré de la véritable histoire japonaise, en basant ses personnages sur des figures historiques ayant contribué, notamment, à la création du shogunat au Japon, après le règne de l’équivalent d’un empereur, puis d’un conseil de régents.
Le téléspectateur moyen pourrait d’ailleurs être quelque peu décontenancé par le contexte social et politique du Japon du début du 17e siècle. Le pays, qui venait de tomber dans la « sphère d’influence » des colonisateurs portugais, est lui-même formé d’un entrelacs de dynasties, de méthodes, de traditions et de visions du monde qui vont parfois jusqu’à choquer.
Ainsi, on aura plusieurs fois l’impression que la vie a bien peu de valeur, dans ce Japon féodal, des paysans, mais aussi des seigneurs mourant à droite et à gauche, pour un oui ou pour un nom. Souhaitait-on nous placer véritablement dans les souliers de Blackthorne, qui découvre en accéléré une société millénaire? Si tel était le cas, c’est mission accomplie. On en vient toutefois à se demander si l’on n’a pas un peu forcé la note, en termes de souffrance et de morts évitables, alors que des gestes posés par des personnages n’ont que peu ou pas de sens, y compris pour faire progresser l’intrigue.
Sur le plan visuel, cependant, Shogun est un sans faute. Certes, il a fallu tourner en Colombie-Britannique, mais autant les décors que les costumes sont magnifiquement présentés, avec toute la beauté et la sophistication épurées du Japon. On peine à imaginer l’équivalent des grandes villes européennes à la même époque…
Soulignons aussi l’excellent jeu de Hiroyuki Sanada, un habitué des productions mettant en vedette un personnage japonais, sans compter Anna Sawai, qui interprète Dame Mariko, ou encore un Cosmo Jarvis dans le rôle de Blackthorne, avec un look barbu échevelé, pour l’occasion.
Audacieuse, magnifique, parfois étrange et surprenante, Shogun se découvre comme l’on explore un nouveau monde. Et si la chaîne FX, qui supervise la minisérie, envisage une deuxième saison, on peut affirmer sans se tromper que les 10 épisodes actuels se suffisent en eux-mêmes.