Un homme d’affaires riche et fier qui risque de tout perdre; des banquiers qui sont prêts à tout pour faire plonger celui qui est aussi puissant qu’égoïste… Le monde d’A Man in Full ne laisse pas de place aux demi-mesures, mais manque aussi terriblement de profondeur.
Adapté du roman du même nom écrit par Tom Wolfe, notamment connu pour Le Bûcher des vanités, A Man in Full se décline en six épisodes, sur Netflix, et met en vedette Jeff Daniels, qui interprète ici Charlie Crocker, président de Crocker Industries.
Même si Crocker Industries semble gigantesque, y compris avec son propre gratte-ciel, la compagnie est dans le rouge. Largement dans le rouge, d’ailleurs, avec une dette de plus d’un milliard de dollars, y compris 800 millions et des poussières à la Plannersbanc.
C’est là qu’un certain Raymond Peepgrass, à la fois en colère contre Crocker en raison de la condescendance de ce dernier, mais aussi envieux du bagout et de l’ambition du même individu, va tout faire pour provoquer la chute de ce personnage largement irritant, voire détestable.
Si, au premier abord, on pourrait ainsi avoir droit à une lutte à finir entre des gens de pouvoir, entre des personnes davantage intéressées par l’argent que par les sentiments, un peu à l’instar de Succession, par exemple, A Man in Full s’avère malheureusement incapable de développer une trame narrative assez forte, assez complète, pour que le téléspectateur s’investisse réellement dans l’histoire.
De fait, outre le fait que les banquiers souhaitent faire tomber Crocker Industries, on ignore pourquoi ils décident maintenant de passer à l’attaque et de réclamer leur dû; idem pour le personnage principal, dont on se doute bien qu’il est rustre et trop ambitieux pour son propre bien, mais qui ne semble pas être fondamentalement mauvais.
On s’étonnera aussi de toute la partie concernant l’avocat personnel de Charlie Crocker, Roger White, qui semble vouloir prouver sa valeur en défendant un employé de Crocker Industries qui, battu lors d’une intervention policière de routine, se retrouve plongé dans l’enfer du milieu carcéral. On comprend que l’avocat en question souhaite se prouver à lui-même qu’il est capable d’agir pour le Bien, avec un b majuscule, mais rien dans son travail, pour Crocker Industries, ne semble le dépeindre comme un personnage véreux.
Pire encore, les actrices Diane Lane et Lucy Liu sont toutes deux cruellement sous-utilisées, la première en tant qu’ex-femme qui finira, étrangement, par coucher avec Raymond Peepgrass, alors que celui-ci est non seulement dévoré par l’ambition et la colère, mais aussi un être généralement misérable et affichant le pire visage de l’envie, et la seconde comme l’amie de la première dont les révélations pourraient torpiller la campagne d’un candidat raciste à la mairie d’Atlanta, et du même coup sauver Crocker Industries.
Bref, on termine le visionnement de cette minisérie en se demandant s’il n’aurait pas été plus sain d’étirer la sauce sur plus d’une saison, au lieu de largement tourner les coins ronds et nous offrir ces six épisodes avec des personnages largement unidimensionnels. A Man in Full, peut-être, mais une oeuvre télévisuelle grandement incomplète.