Les résidents de Villeray et bien au-delà chérissent ce festival original qui arrive en mai comme un éveil des sens. Alliant théâtralité et Lettres vivantes, le Festival du Jamais Lu s’ouvre le 3 mai avec ses 26 pépites étonnantes pour combler les appétits d’un public tout azimut durant neuf jours. Sa directrice générale, Marcelle Dubois, ouvre le rideau sur un théâtre qui se vit autrement: ensemble, jusqu’au point final.
Mécanique d’une mise en lecture
Griffe du festival, l’inédit le caractérise dans l’écosystème montréalais des événements culturels. On y met en lumière des textes en phase d’écriture, inachevés, pour le bonheur du public qui intercède dans sa gestation.
Il ne s’agit pas d’un concours des meilleurs textes, précise Marcelle Dubois, mais bien des « projets vibrants dans actualité qui parle de notre monde ».
Ce cru du Jamais Lu trouve donc son origine dans l’urgence et de la pertinence des mots, le tout suivi d’une mise en scène et d’une équipe de comédiens qui insuffle leur force d’interprétation théâtrale.
Touche distincte, nul décor, ni costumes éclatants ne se juxtaposent au texte et aux mots. On assiste à une « mise à nu » de la plume de l’auteur et de l’autrice, où l’apposition du point final revient au public. Il en devient son révélateur, jusqu’à l’ultime phase post-performance fixant le texte par appositions de commentaires et impressions.
Désir d’être ensemble
L’ADN de la communauté du Jamais Lu a dernièrement été révélée à l’aide d’un sondage: une partie de ses adeptes proviennent du milieu théâtral, de diverses directions artistiques qui y trouvent un espace ouvert de découvertes, un vivier pour leur scène. Et des amoureux des mots et de théâtre, de ces lectures tellement accessibles par la proximité des acteurs et actrices, créant un lien unique d’attachement à l’autre pour se raconter.
En cette ère d’obscurité et de ténèbres assombrissant le monde, le festival se prononce en faveur de la lumière et en fait le thème de sa 23e page: attiser la lumière. Le thème de l’événement découle de la nature des textes, comme l’explique Marcelle.
« On a réalisé, depuis des années, l’existence de textes sombres, angoissés par rapport à l’avenir. Cette année, les textes puisent dans des enjeux encore costauds, mais avec une façon d’embrasser la recherche d’un chemin collectif, d’avancer ensemble malgré la noirceur ambiante…»
Sur le choix du verbe « attiser », il s’avérait désigné par sa forme active, incitatif à avoir le pouvoir de repenser le monde.
C’est fidèle à la tradition que le festival se déploie dans ses formes et styles au Théâtre des Écuries, créé il y a 12 ans; l’équipe du Jamais lu fait en effet partie des membres fondateurs de ce lieu destiné à la relève et aux formes alternatives.
Un positionnement idéologique pour la directrice générale qui prône la décentralisation culturelle.
Le Jamais lu y campe pour créer des zones et des énergies différentes, préconisant la liberté.
Le coup d’envoi de la messe sera lancé vendredi à 17h30, avec un partage sous forme de verre de la fraternité, suivi d’une sentinelle lumineuse; puis, à compter de 19h, suivra l’ouverture sous l’inspiration de duos artistes-enfants aux commandes avec Uasheiau: trouer les nuages, de l’artiste innue Soleil Launière.
Le Festival du Jamais Lu
3 au 11 mai
Théâtre aux Écuries
7285 Rue Chabot, Montréal