À Belfast, l’heure est au deuil, mais aussi au stress; après avoir enterré son père, la veille, Matthew se prépare à se rendre à Londres afin d’y passer une audition qui lui permettrait de véritablement lancer sa carrière de comédien. Mais l’héritage familial et les doutes ne sont jamais bien loin. Bienvenue dans Pas maintenant.
Écrit par David Ireland, puis traduit et mis en scène par Marc-André Thibault, Pas maintenant est un regard sur le poids de l’histoire et des traditions, le tout dans le douloureux contexte des heurts entre catholiques et protestants, en Irlande du Nord.
En entrevue avec Pieuvre.ca., M. Thibault dit avoir « fait un pari ». « L’histoire se passe en Irlande du Nord; ça, on a décidé de le garder, il est parfois question de l’histoire de là-bas, l’identité… J’ai fait le pari de le garder, mais j’ai aussi choisi d’adapter le texte en québécois, pour qu’on le sente proche de nous », a-t-il ajouté.
« Des décisions ont dû être prises en ce sens, et on a eu à décider d’à quel point on entre dans les détails historiques, même si je voulais que quelqu’un qui ne connaît pas du tout les affrontements survenus en Irlande du Nord puisse quand même comprendre les enjeux de la pièce, saisir rapidement ce que veulent dire les références. J’ai décidé de généraliser certains points pour que la compréhension soit bonne. Il y a des éléments fondamentaux pour comprendre ce que vivent les personnages, mais ce n’est pas non plus une pièce historique. »
D’ailleurs, si le ton peut s’avérer dramatique à plusieurs reprises – les deux personnages présents sur scène, Matthew et son oncle, sont tous les deux en deuil, après tout –, on donne aussi volontiers dans la comédie. Non seulement pour alléger quelque peu l’atmosphère, mais aussi parce que la formule s’y prête bien.
En effet, la pièce, jouée à La Licorne, reprend la formule des 5 à 7 qui trouve son public depuis maintenant une dizaine d’années. En plus d’une consommation et d’une collation – il est hélas fini, ce temps des hot-dogs cuits sur le balcon du théâtre… –, les spectateurs ont droit à une pièce d’une heure, à quelques minutes près. De quoi fort bien agrémenter la fin d’une journée… et se laisser suffisamment de temps pour occuper sa soirée.
Comme l’indique le metteur en scène Marc-André Thibault, plusieurs facteurs entrent d’ailleurs en ligne de compte pour respecter cette « ambiance » différente. « Cela commence avec la direction artistique, notamment avec le choix de la pièce. On choisit une oeuvre que l’on sait accessible, qui a de l’humour, mais qui est intelligente, aussi, qui va aller en profondeur dans les enjeux humains. Tout ce qui correspond au 5 à 7 et au Théâtre Bistouri (la compagnie de production, NDLR). »
« Ensuite, pour ce qui est de la mise en scène, c’est une formule que je connais bien pour l’avoir appliquée depuis des années, mais ce que j’adore, c’est faire de la direction d’acteurs, et c’est un texte qui se prête à cela, c’est une salle qui se prête à cela, dans le sens où c’est un show qui ne demande pas d’entre-scène, qui ne demande pas de conception flyée. Ce que l’on veut, c’est un bon texte, ce sont des comédiens qui on plein de nuances, dans leur jeu », a-t-il poursuivi.
M. Thibault affirme également avoir été particulièrement touché par « les enjeux familiaux, les secrets de famille, les écorchures… ».
« C’est beaucoup venu me chercher. »
Sur scène, Matthew et son oncle apprendront à mieux se connaître, se dévoileront l’un à l’autre. Pour éventuellement mieux s’accepter mutuellement. Une oeuvre efficace, drôle et triste à la fois. Et une soirée libre, ensuite. Une façon très agréable de faire vivre l’art, c’est certain.
Pas maintenant, de David Ireland, traduction et mise en scène de Marc-André Thibault, avec Jean-Sébastien Lavoie et Antoine Nicolas
Jusqu’au 16 mai, à La Licorne