Adaptation théâtrale du roman du même nom écrit par Jean-Philippe Baril Guérard publié en 2016, Royal est présenté au Théâtre Duceppe jusqu’au 13 mai. On y suit le parcours des étudiants de la faculté de droit de l’Université de Montréal, de leur initiation jusqu’à l’obtention du stage qui leur permettra d’accéder à leur carrière juridique de rêve…
Ou pas, parce que comme ils le disent, « personne aime ça le droit des affaires, mais c’est un passage obligé pour arriver aux sommets ».
Le décor minimaliste, composé principalement d’un immense rideau argenté où sont projetés les visages en gros plan laisse toute la place à la mise en scène de Virginie Brunelle et Jean-Simon Traversy. La chorégraphie des acteurs est impressionnante par son dynamisme et le jeu est très physique. On y présente des tableaux plutôt que des scènes réalistes pour imager la course au stage, où tous les coups sont permis.
Les 10 jeunes comédiens fraîchement sortis des écoles de théâtre interprètent divers types d’étudiants, de la fille de région, en passant par la panoplie de jeunes privilégiés de Brébeuf, jusqu’au douchebag.
Ces jeunes à qui on a répété qu’ils faisaient partie de l’élite entrent dans une compétition agressive, alors que jusqu’à maintenant, tout avait été facile dans leur parcours tout tracé. Ils doivent monter les uns sur les autres pour obtenir la plus haute moyenne, pour accéder au meilleur stage dans une firme prestigieuse. Les candidats sont éliminés les uns après les autres dans cette impitoyable course; c’est tout ou rien, pas de compromis. On est soit excellent, soit médiocre.
L’obsession de la performance y est habilement présentée. On ressent l’étourdissement du tourbillon vécu par les étudiants. Le rythme est effréné alors qu’on passe en un instant de l’initiation à la fameuse course, en effleurant les examens, les partys, la consommation et une agression sexuelle. Cette rapidité fait qu’on peine à s’attacher aux personnages, mais eux non plus ne semblent pas avoir le temps de nouer des amitiés ou de tomber en amour. Se laisser toucher pourrait être signe de faiblesse. L’avocate recrutant pour le fameux stage le représente bien, impassible devant ces jeunes prêts à tout être dans ses bonnes grâces.
Mais après tout ça, on se demande: à quoi rime l’ambition, la performance, si on doit écraser tout sur son passage pour réussir?
Royal, de Jean-Philippe Baril Guérard, mise en scène de Virginie Brunelle et Jean-Simon Traversy
Avec Xavier Bergeron, Romy Bouchard, Florence Deschênes, Irdens Exantus, Parfaite Moussouanga, Vincent Paquette, Jérémie St-Cyr, Pierre-Alexis St-Georges, Valérie Tellos et Aline Winant
Chez Duceppe, jusqu’au 11 mai 2024