Une civilisation avancée, pour son temps, avec de l’agriculture, un système numérique, les bases d’un système d’écriture… Et, surtout, des oeuvres titanesques dont une partie a heureusement survécu au passage du temps: le musée Pointe-à-Callière présente ainsi Olmèques et les civilisations du golfe du Mexique, un regard sur ces peuples mésoaméricains aussi fascinants que mystérieux.
L’équipe du musée avait de quoi se réjouir, mercredi, lors de la conférence de presse précédant l’ouverture officielle de cette exposition qui se poursuivra jusqu’à la mi-septembre, et pour cause: non seulement nous présente-t-on près de 300 objets de toutes tailles provenant de la culture olmèque, mais aussi des Aztèques et des Huastèques, mais il s’agit aussi de la première occasion, dans bien des cas, de rassembler des pièces habituellement réparties dans divers musées et instituts mexicains.
Mieux encore, le public pourra apercevoir des artéfacts encore jamais exposés, notamment au moins une sculpture monumentale récemment mis au jour, et dont l’analyse est toujours en cours. Car il faut savoir que les Olmèques, qui ont essaimé dans le sud du Mexique et en direction de l’Amérique Centrale, mais aussi un peu vers le nord-ouest, n’ont pas laissé d’orthographe, de lexique, ou tout autre document permettant de comprendre la signification de certaines inscriptions, dessins, gravures et autres objets découverts depuis la mise au jour d’une gigantesque tête en pierre, au 19e siècle.

C’est d’ailleurs l’une de ces 17 têtes éventuellement déterrées – la plus petite, nous dit-on! – qui accueille les visiteurs, dans l’espace d’exposition de la Maison des marins, à Pointe-à-Callière. Une oeuvre gigantesque d’1m80 et de quatre tonnes, aussi bien préservée que magnifiquement sculptée.
Que dire à cet homme au nez épaté, aux lèvres charnues, dont la tête est surmontée d’un casque ou d’une coiffe, et qui nous regarde ainsi, trois millénaires plus tard? Que dire à cet individu dont les rites, les façons de faire, les croyances ont depuis disparu, balayés par l’avancement implacable du temps, si ce n’est quelques bribes, quelques fragments, ici et là? Le nom même d’Olmèques est en fait l’appellation donnée par d’autres peuples, d’autres groupes, plutôt que le nom que s’étaient donné ces gens. C’est dire à quel point nous ignorons encore des détails sur cette civilisation disparue.
Cela étant dit, il est clair que les différents musées ayant participé à cette exposition ont tout fait en leur pouvoir pour tenter de nous éclairer sur le fonctionnement de ce peuple, notamment à l’aide de très nombreuses pièces sculptées préservées après avoir été enterrées, que ce soit par accident ou volontairement – dans le cadre d’un autre rituel dont on ignore la signification, d’ailleurs.
Et puisque certaines pratiques, certaines influences artistiques, par exemple, se sont perpétuées chez les Aztèques, les Huastèques, voire même jusqu’aux Mexicains et autres peuples de la région, de nos jours, les historiens, archéologues et sociologues peuvent heureusement combler les vides laissés par le passage des siècles.
Le seul reproche que l’on puisse faire, à l’équipe de Pointe-à-Callière, est celui d’avoir probablement voulu trop en montrer d’un coup, surtout lorsque vient le temps d’évoquer le jeu de balle, une cérémonie rituelle dont les pièces archéologiques sont accompagnées d’une reconstitution partielle d’un terrain où l’on pratiquait ce « sport »: la taille du décor donne une certaine impression de surcharge.
Impressionnante, riche en enseignements, aussi prolifique qu’efficace, l’exposition Olmèques et les civilisations du golfe du Mexique est une occasion hors du commun de découvrir un pan de l’histoire de notre comportement trop souvent passé sous silence.
Un commentaire
J’aime bien l’histoire qu’elle soit archéologique ou paléontologique : c’est pourquoi je fréquente les musées. Les Olmèques m’étaient inconnus alors que les Incas, Mayas et Aztèques avaient déjà attiré mon attention. Cette exposition au musée Pointe-à-Callière comblait donc une lacune.
Notre guide Sylvie nous informait au sujet de ce peuple qui sculptait la pierre sans connaitre les métaux. Les Olmèques savaient compter, mais pas écrire. Les croyances religieuses étaient très terre à terre : le jaguar, l’eau et le maïs. Il n’y avait rien de spirituel là-dedans. Les connaissances archéologiques sont assez limitées jusqu’à maintenant.
Les conquistadores espagnols ont eu une influence désolante dans cette région mexicaine, mais pas à l’époque reculée des Olmèques. Ce sont leurs descendants qui ont souffert de la colonisation et de cette fièvre de l’or. J’ai vraiment apprécié mon déplacement. Il ne reste qu’à espérer que de nouvelles découvertes permettraient de mieux connaître ce peuple disparu.