Malgré les conditions météo extrêmes, les forces du marché ont permis d’offrir une bonne stabilité des prix des aliments au cours des 50 dernières années, révèle une nouvelle étude réalisée par des chercheurs de l’Université de Southampton.
Un examen des prix du blé, aux États-Unis, par des économistes de cette université, suggère également qu’une forte incertitude à propos des futures récoltes n’a pas déstabilisé le marché.
Les conclusions sont publiées dans le Journal of Economic Dynamics and Control.
Le blé est un élément essentiel, aux États-Unis, pour la production alimentaire; une petite partie devient de la nourriture pour animaux, et cette plante n’est pas employée pour produire du biocarburant. Les principaux acheteurs sont les producteurs de farine, les transformateurs alimentaires et les consommateurs directs.
Dans le cadre de l’étude, les chercheurs ont examiné des données sur la production américaine de blé, sur les stocks, les zones cultivées, les prix et d’autres conditions du marché, entre 1950 et 2018, en plus d’informations sur les fluctuations météo pendant cette même période. Cela a permis de démontrer l’existence d’une augmentation de la variabilité en termes de météo et d’ampleur des récoltes à partir de 1974.
« Avant le milieu des années 1970, le pétrole était le facteur dominant en termes de fluctuations des prix du blé, aux États-Unis, mais après cette période, nous voyons une plus grande influence en provenance de divers facteurs, dont la météo et la consommation d’aliments », mentionne le principal auteur des travaux, le Dr Vincenzo De Lipsis.
« Les événements météo extrêmes, comme les sécheresses et les inondations, deviennent de plus en plus fréquents et intenses, à travers le monde, en raison des changements climatiques. Le fait de comprendre l’impact de cette variabilité sur le prix des aliments de base est essentiel, puisque cela pourrait avoir un impact majeur sur la sécurité alimentaire. »
Les auteurs de l’étude ont constaté que le marché américain autour du blé est demeuré concurrentiel, avait bien fonctionné et s’était adapté aux nouvelles conditions climatiques incertaines. Si le risque que les variations météorologiques affectent négativement le prix du blé a augmenté, en réalité, ces changements n’ont pas été transférés au sein du marché.
Les prix du blé sont ainsi demeurés relativement stables, tout comme les prix des produits qui y sont associés, affirme-t-on.
Une zone tampon fort utile
Toujours selon les chercheurs, cela s’explique surtout par le fait que les producteurs et les industries agricoles fournissent un « tampon », ce qui permet d’éviter les problèmes de chaînes d’approvisionnement, ce qui réduit les chocs encaissés par le marché qui pourraient être provoqués par les mauvaises récoltes. Cela a été rendu possible par des investissements dans les sites de stockage, des infrastructures modernes et un bon réseau de transport.
L’étude indique également que le secteur américain du blé a fait preuve de « résilience et de flexibilité remarquables » en s’adaptant à l’imprévisibilité croissance du climat et des récoltes, en modifiant son système de gestion des stocks.
Au même moment, écrit-on, il n’y a pas d’indication que le marché du blé est vulnérable à la volatilité excessive découlant du marché des contrats à terme, qui peut souvent faire son apparition au sein des marchés des commodités en réponse à une incertitude croissante concernant les futures capacités de production.
Pour le Dr De Lipsis, « les mécanismes du marché sont l’un des instruments les plus efficaces dont disposent les gouvernements en lien avec l’adaptation climatique et la sécurité alimentaire. Mais pour que cela fonctionne correctement, nous avons besoin d’une combinaison de facteurs: un marché des commodités concurrentiel et fonctionnel, des infrastructures modernes avec des réseaux de transport étendus, des capacités de stockage suffisantes et un marché des contrats à terme fluide ».
« Cependant, si le système, aux États-Unis, continue d’être robuste, il est difficile de prédire si les mécanismes de stockage continueront de bien fonctionner, devant des niveaux sans précédent de variations météorologiques – le genre d’événements extrêmes qui pourrait potentiellement mettre à mal le réseau de transport et les infrastructures sur lesquels il est basé. »
Les auteurs de l’étude reconnaissent que la stabilité est plus facile à atteindre dans des pays développés et plus riches, mais soutiennent que leurs résultats démontrent la nécessité de prioriser les investissements dans ces domaines clés, dans les régions en développement, pour assurer l’existence de ressources alimentaires fiables et stables, à l’avenir.